Une heure que je tourne et retourne, cherchant comment vous écrire cette brève. Un séminaire plus tard, une nuit de plus passée, me voici de retour à l’écriture.
Je me sens dans l’impasse parce que cette brève parle de moi en tant que mère, et pour vous raconter ce qui se passe pour moi en tant que mère, eh bien, j’ai besoin de vous parler de ma fille. C’est là que le bas blesse. En écrivant, je sens poindre un creux au niveau de mon thorax. Le vide grandit, pas forcément désagréable dans les premiers temps, un entre-deux entre le grand frisson et le trou béant. Ce trou béant est directement en lien avec le risque de parler de ma fille à sa place.
Que signifie mon blocage, pourquoi cette incapacité à écrire, à penser ? Un peu plus tard dans la soirée, me voici à trouver une boule sous mon aisselle droite, du côté du cancer que j’ai bouté hors de mon corps : “Ah, l’angoisse”.
La scène d’exposition
L’histoire en tant que telle
Ma fille a bientôt 8 ans.
Nous habitons dans un appartement sur trois niveaux. Petite, elle appréhendait déjà l’idée de monter seule dans les pièces du haut, là où se situent les chambres. Vers ses deux ans, elle y voyait avec effroi des yeux qui la regardaient. En termes d’yeux, un câble électrique qui, lorsqu’il rentre dans le mur, forme comme la pupille d’un œil. Puis elle a dit avoir peur que quelqu’un ne la surprenne par surprise (oui, “surprenne par surprise”, elle a dit). Nous lui avons expliqué, son père et moi, que pour rentrer dans la maison, il aurait fallu que les gens passent devant nous par la porte du bas. Alors elle nous a expliqué qu’elle pensait que les velux étaient des points d’entrée tout aussi valables pour les intrusions. Puis les araignées se sont invitées dans ses cauchemars, des araignées petites ou grandes, uniques ou par millier, qui viennent sur les gens de ses rêves, qui les piquent et les font mourir.
Il y a deux semaines, elle a raconté la chose suivante :
- Elle : “Je sais que j’ai peur d’avoir peur, mais là j’ai peur de monter toute seule dans ma chambre.”
- Moi : “Ah ben je te crois, et tu as peur de quoi exactement?”
- Elle : “J’ai peur qu’il y ait quelque chose ou quelqu’un qui me surprenne. Je suis désolée hein, je sais bien que pour de vrai il n’y a personne là-haut, mais j’ai peur, je ne fais pas exprès.”
- Moi, un peu exaspérée : “Mais mince, ça ne va pas être pratique si tu ne peux pas monter toute seule dans ta chambre.” Je suis montée avec elle pour sécuriser les lieux et tenter de trouver une solution à son problème.
Une nuit de la semaine dernière, elle s’est réveillée en pleine nuit :
- Elle : “Maman, j’ai fait un cauchemar.”
- Moi, la tête de travers en pleine nuit : “Oh ma puce, si tu veux bien me raconter, je t’écouterai.”
- Elle : “Il y avait un cocon d’araignée dans mon lit et une araignée au-dessus. Alors le problème, c’est que j’ai peur qu’elle revienne quand je dors, qu’elle me pique et que je meure, je ne peux pas fermer les yeux.”
- Moi : “Arg, je compatis, ça a l’air terrible ce que tu vis. Ça me rappelle moi quand j’étais petite, moi ce n’était pas les araignées, c’étaient les sorcières. J’avais le cauchemar qu’elles venaient me couper les bras qui dépassaient du lit. Alors un jour j’ai réussi à me réveiller, à comprendre que c’était un rêve. Mais le problème, c’est que quand je fermais les yeux, le rêve reprenait comme un film que j’avais mis en pause.”
- Elle : “Ah ben ça me rassure, ça va sûrement passer alors.”
- Moi : “Et j’ai confiance, tu vas trouver ta propre solution pour que ça passe.”
Le soir suivant, je me suis sentie très embêtée à l’idée d’aller la coucher. L’agacement de la semaine précédente ajouté à l’histoire de l’araignée, je me suis sentie comme dans une impasse. En plus, j’avais comme dans l’idée que son araignée c’était moi. Alors je m’en suis voulu de penser à sa place, jusqu’à ce que je comprenne que c’est de moi dont je parlais quand l’idée “l’araignée c’était moi” m’est venue (j’y reviendrai plus tard). Je suis allée trouver l’homme qui partage ma couche, qui est également son père.
- Moi : “Est-ce que tu peux gérer Zoé s’il te plaît ? Je ne sais pas comment faire là. J’ai l’impression que son araignée, c’est moi. Alors si j’y retourne, j’ai comme l’impression que je remets une pièce dans le jukebox, ou un fil à ma toile : je me sens coincée.”
- Lui, entre deux lignes de code : “Ok.”
Il est monté et le coucher a duré 2 minutes. Le temps a son importance dans cette affaire parce que pour moi, le coucher de notre fille, c’est plutôt 30 minutes.
- Moi : “Déjà ?”
- Lui : “Oui, pourquoi ?”
- Moi : “Et alors ?”
- Lui : “Alors quoi ?”
- Moi : “Ben comment elle va ?”
- Lui : “Bien.”
Nuit sans cauchemar aucun.
Deuxième nuit se profilant, j’ai encore senti mon malaise en allant la coucher. Son père l’a accompagnée au lit et 2 minutes plus tard, il était de retour.
- Moi : “Mais sérieusement, comment fais-tu pour que ça aille si vite et qu’elle s’endorme ?”
- Lui : “Je lui ai dit de penser aux villages que j’ai construits avec elle à Fortnite Lego.”
Le lendemain :
- Elle : “Tu vois maman, tu m’as dit que c’est moi qui trouverais ma solution pour que mes cauchemars s’arrêtent. Et bien, j’en ai trouvé une. Quand c’est papa qui me couche, je rêve d’ours, et un ours ça me défend. Alors je me dis que pour me coucher, il est plus pratique que toi. Toi, je te garde pour les câlins, ça c’est toujours beaucoup mieux avec toi, je ne sais pas pourquoi d’ailleurs.”
Le décor de la scène planté, je vous propose dans les lignes qui suivent la lecture de mon analyse.
L’analyse de cette histoire par la gonzesse moi même
L’angoisse! le retour
Mon amie l’angoisse a ressurgi des profondeurs puantes de mon inconscient pour se frayer une place de choix dans ma vie éveillée.
L’angoisse est une amie de longue date, elle a revêtu plusieurs costumes tout au long de ma vie :
- la nuit : les cauchemars de sorcières qui venaient me couper tout membre dépassant de mon lit et les cauchemars de zombies, ces êtres connus qui d’un coup d’un seul perdaient leur visage laissant à la place : rien.
- les peurs d’intrusions dans ma chambre, la nuit, par l’une des trois portes ou par la fenêtre.
- le jour, l’horreur d’aller à la cave chercher les patates. Pourquoi ? Parce que le mur longeant l’escalier d’accès était parsemé de cocons d’araignées, et d’araignées d’une pâleur effroyable.
- lors du décès de personnes qui me sont chères, la capacité de voir au ralenti chaque goutte d’eau tombant d’un ciel en pleurs.
- en filigrane de ma vie éveillée, la crainte d’un cancer. Un cancer, ce truc qui pousse de manière anarchique, en dehors de ma volonté et présentant un danger vital.
L’angoisse trouve la source de sa puissance dans son origine. Rêve après rêve, analyse après analyse, je situe aujourd’hui l’origine de mon angoisse à la fois sur mon entre-cuisses et sur celui de ma mère.
Me faisant l’avocat du diable j’entends déjà :
- “Mais pourquoi donc ?”
- “Chez moi ce n’est pas comme ça.”
Ce à quoi je réponds : “Je vous parle du lieu de mon laboratoire, c’est-à-dire de mon inconscient. Je suis heureuse de vos questions. Si un jour, vous voulez parler de vous, je serai heureuse de vous écouter parce que c’est vous et parce qu’ainsi j’aurai des éléments d’autres laboratoires, différents de celui de ma psyché. En effet, la subjectivité de l’inconscient nous oblige à nous allier entre Sujets pour entreprendre une œuvre de recherche dans la discipline dite psychanalyse. La recherche en psychanalyse, dans sa méthodologie, doit permettre de continuer d’aller vérifier au laboratoire, la véracité de ce qu’elle propose comme savoir. Or, la psychanalyse traite de la question du Sujet : impossible d’objectiver sa recherche, le risque étant de tuer le Sujet dont il est question. C’est lorsque plusieurs Sujets parlent d’eux, qu’ils donnent à voir une matière de recherche nécessaire à la recherche en psychanalyse.”
Cette précision étant faite, je continue sur mes associations.
D’un état initial: la gestation dans le ventre de ma mère
Je situe l’origine de mon angoisse sur l’entre-cuisse de ma mère, parce que je passe mes nuits à remonter l’étroit orifice de ma naissance, pour chercher dans la cuisine des appartements et des maisons que je pénètre, à manger et mon téléphone égaré ou perdu. À n’en pas douter, les cuisines sont le centre de ma maison mère, ce ventre dans lequel j’ai été nourrie et dans lequel j’ai grandi. Quelque part, ce ventre est le moule dans lequel j’ai pris forme. Le ventre de ma mère est donc vu comme la contre forme de mon propre contour. Lorsque je parle de mon propre contour, j’y entends mon contour physique et psychique. Ainsi se tisse une première représentation de la toile de ma vie, une matrice qui, par son empreinte, détermine le profil de la fille que je suis.
Je fais l’hypothèse que la réalité psychique de l’enfant et de la mère viennent emprunter à cette réalité biologique, des images au service de son fonctionnement propre.
Dans un premier temps, j’ai donc emprunté à la réalité biologique et corporelle d’une grossesse des images pour m’expliquer la construction du Sujet que je suis. Un truc du genre : pour mon corps et pour ma psyché, je suis issue du moule “ma mère”, je suis donc sculptée à son image, à l’image du moule que je me représente qu’elle a été pour moi. De plus, je devais être rudement confortable dans son ventre, au chaud, nourriture à volonté et loin des préoccupations occasionnées par les interactions avec mes congénères du monde de la surface.
A un processus: celui de la naissance
Voici quelques mots tirés du dictionnaire qui peuvent être utilisés pour décrire le processus de séparation entre le moule et le gâteau lors du démoulage :
- détachement,
- décollement,
- libération,
- dégagement,
- séparation,
- détachage,
- démoulage,
- départ,
- désenclavement.
Chacun de ces mots je peux les employer pour décrire l’image que je me fais de ma sortie du ventre de ma mère, de ma naissance. Le démoulage a ce petit plus du langage familier, celui que j’utilisais plus jeune pour dire que j’allais faire caca : “aller démouler un cake”. Ce petit plus comme mise en représentation de l’explication infantile que je me suis fabriquée à la naissance des bébés : “ils sortent par l’entre-cuisses, donc forcément par ce trou qui m’était familier, mon anus, d’où sort régulièrement mon caca.”
La naissance, en tant que processus, tout comme le démoulage du gâteau, engendre une séparation entre la mère et l’enfant. Ce détachement de l’enfant de sa matrice impulse, dans un mouvement singulier, la mise en place d’un espace entre les corps et les psychés respectives de la mère et de l’enfant. Cette séparation des corps me rappelle, tout comme une onde de surface, la rupture de mon propre corps quant à la perte imaginaire de mon zizi.
Dans un second temps, j’ai donc emprunté à la réalité biologique de la naissance de l’enfant et de la délivrance de la mère pour me représenter un peu plus l’advenue du Sujet moi-même. J’ai emprunté l’image de cette séparation corporelle vitale, pour l’une, comme pour l’autre, afin de me créer une représentation d’une fille moi-même qui “est” à part entière, sans être la marionnette de sa créatrice, ma mère.
à un nouvel état: deux êtres et être à deux
Ce nouvel état, je peux le qualifier métaphoriquement d’état dynamique critique hors équilibre. C’est un état situé entre deux autres états : stable ordonné et stable désordonné. Cette métaphore me plaît particulièrement par la présence du mouvement entre deux individus dont elle souligne l’existence. En effet, l’idée de l’association de deux êtres à part entière est soutenue par l’espace entre les deux, permettant ainsi un mouvement relatif entre eux. L’un est différent de l’autre parce qu’il y a un vide entre les deux.
L’espace existant entre deux êtres est alors plus ou moins grand : de la fusion à l’exclusion ou encore à l’abandon. Du rapprochement à la séparation, la qualification de la mesure de cet espace se fait à partir de la subjectivité de chaque individu mis en jeu. J'explore cette relation également dans le texte créature vs créateur
du point de vu de moi mère
J’en reviens ici à la brève qui m’a conduite à vous écrire. Ma psychanalyse m’a permis de comprendre le pourquoi de mon malaise lorsque j’ai eu l’idée “l’araignée c’était moi”. Par l’analyse, je peux dire aujourd’hui que lorsque j’ai eu l’idée “l’araignée de ma fille c’est moi”, c’est l’idée que ma mère était mon araignée qui a ressurgi des profondeurs de mon inconscient.
Dans l’instant, c’est l’idée suivante qui est venue : moi, mère, j’interprétais pour le compte de ma fille. Ainsi, j’ai eu :
- la sensation désagréable de penser à sa place, en d’autres termes de la considérer comme une extension de moi-même et d’en piloter la pensée
- l’idée d’abonder dans mon rôle d’araignée en m’escrimant à continuer à assurer seule le coucher, comme une araignée qui continue à tisser sa toile autour de sa victime qu’elle va bouffer.
- la sensation d’être coincée, ce qui m’a fait me retourner vers l’Homme qui partage ma couche et lui demander de gérer.
L’angoisse a surgi de l’absence de représentation d’une différenciation entre elle et moi. En effet, l’absence de représentation là où je m’attendais à en trouver une m’a conduite à associer à mon traumatisme initial d’avoir pensé avoir un zizi et de ne pas l’avoir trouvé. Pour en lire plus sur l’angoisse, je vous renvoie à un article un peu plus grand que j’ai écrit sur la question en cliquant ici.
Autrement dit, je parle de moi en parlant d’un autre. Je me suis sentie mal parce que je me suis collée à ma fille. Par le passé, j’ai rencontré de l’angoisse dans la rencontre de la différence avec ma fille. Ici, la différence est justement absente, et c’est cette absence qui est venue convoquer de l’angoisse.
J’ajoute que si mon malaise fut si grand, c’est à la hauteur de ce que moi, enfant, j’ai dû ressentir lorsque ma mère, l’araignée, a tissé sa toile autour de moi.
Du point de vu de l’enfant moi même
Comme un miroir, cette situation du quotidien m’a renvoyé dans mes représentations d’enfant, et dans mes sensations d’étouffement : prise au piège de la toile inconsciente gravée des gestes et des intentions de ma mère, l’araignée.
Les lignes qui suivent sont un témoignage de mes représentations de la femme, ma mère, et non la réalité de ce qu’elle est.
Ma mère m’a aimée, c’est certain. Elle m’a aimée jusqu'à en craindre que l’on me vole à elle, déjà avant ma naissance. Longtemps je suis restée prisonnière de ses mots, qui, comme par magie, sont venus guider nombre des choses de mon quotidien. En réalité, rien de magique, juste l’effet performatif des mots de la femme, ma mère, que j’ai aimée infiniment. Cet effet m’a comme ligotée : “ma tante, elle voulait te prendre”, “si nous ne nous sommes pas entendues, c’est de la faute de ces autres qui se sont mis entre nous”, “tu es un don de Dieu, ma fille”. Je me suis ligotée à elle comme pour conjurer ses mots et comme pour lui prouver qu’elle avait tort. Que quoi qu'il arrive, que j’étais toujours là. Ces tentatives, je les ai menées comme pour ramener dans son intérieur la responsabilité de sa maternité, sa responsabilité de mère vis-à-vis de moi, et ainsi sortir de l’inconsistance de son positionnement de mère vis-à-vis de moi.
“Je ne t’ai pas fabriquée : j’ai juste transmis la vie”, ce sont ses derniers mots qui m’ont mis la puce à l’oreille de ce que ça venait produire chez moi : une sensation de me faire déchirer en deux avec un poignard, du bas de mon ventre à mon thorax. Même la responsabilité de ma création, elle ne l’a jamais endossée. Ce point d’orgue de sa non-responsabilité à mon égard est venu mettre à vif une distance abyssale entre nous, un abandon. N’existant pas à ses yeux, la petite fille que je suis est allée jusqu’à se dire qu’elle n’existait pas du tout. Ce que certains appellent syndrome de l’imposteur, je l’ai vécu comme si, quoi que je fasse, je ne pouvais exister tout court.
En l’occurrence, ses craintes initiales d'être séparée de sa fille se sont réalisées : nous ne nous voyons plus. Je fais l’hypothèse que ses comportements si douloureux à vivre pour moi, qu’elle a adoptés depuis ma plus tendre enfance, c’était comme pour se donner raison, et se prouver que sa crainte de me perdre au profit de quelques autres était fondée.
L’idée de la perte qu’elle a portée dans sa réalité intérieure est devenue le fil d’une toile piégeuse dans ma propre réalité intérieure : comme si l’idée de cette fusion (contraire de la perte) qui aurait dû être, était le socle de ma construction. C’est ma psychanalyse qui me permet jour après jour de démêler les fils collants de mon inconscient et ainsi sortir de mon emprisonnement.
En guise de conclusion
Je cherche ma mère partout, chez mon père, chez mon mec, chez toutes les femmes vieilles et gentilles, chez les soignants… que je croise : une recherche d’un monde perdu qui en réalité n’a jamais été. Cette recherche c’est comme la recherche de ma boule, une tentative de remplir le trou de mon angoisse, ça aide, un temps mais l’angoisse revient. L’angoisse naît de l’absence de représentation là où je m’attendais à en trouver un : le monde perdu. C'est pour me sauver un minimum de l’abandon, de cette distance d'avec ma mère, que ma psyché a adopté un mécanisme qui consiste à me faire croire que mes représentations sont équivalentes à la réalité. Dit autrement, je me suis racontée pendant de longues années qu’elle était ce que j’imaginais qu’elle était. La réalité est tout autre : ma mère n’est pas la représentation que je m’en suis faite. Dans cette brève, l’angoisse est revenue de ce collage à ma fille vu également comme représentation en négatif de ma distance à ma mère. Ici, c’est la non-différenciation de ce qui s’est passé pour Zoé et pour moi qui a été source d’angoisse.
Lorsque je lis à nouveau les mots de ma fille, “quand c’est papa qui me couche je rêve d’un ours. Un ours c’est bien parce que ça me protège”, les larmes me viennent. L’émotion me prend parce que ça résonne avec ma propre histoire. Mon père était un ours mal léché qui braillait souvent et pourtant, sa présence m’a protégée de l’araignée qui tue: ma mère. Il m’a protégée à double titre :
- Parce que je l’ai désiré, je suis allée voir en dehors de l’enceinte, de la toile de ma mère.
- Parce que dans la réalité de la vie de veille, il a été celui qui m’a entendue en tant que Sujet à part entière. Je vous donne un exemple, il est le seul des deux à avoir entendu mon désir de photographie et à avoir contribué financièrement à l’achat de mon appareil. Ma mère s’est positionnée en m’expliquant qu’elle ne voulait pas que nos relations soient régies par une transaction d’argent. Je comprends l’idée et pourtant chez moi, cette phrase associée aux différents cadeaux qu’elle a pu me faire dans ma vie, m’a conduite à me faire la représentation qu’elle était vraiment à côté de la plaque. Pour les cadeaux qu’elle a pu faire : batterie de casseroles, linge de maison, et habits d’un autre âge.
Mon père m’a sauvé la vie en tant que Sujet là où ma mère m’a tuée à petit feu :
- En niant la plus petite parcelle de responsabilité à mon égard ou à l’égard de notre relation.
- En niant la différence qui nous sépare.
- Par sa surdité à mes désirs.
- Par son désir omnipotent d’être désirée, être celle que l’on désire.
La force de l’analyse m’ayant permis de remettre les choses à leur place, j’ai arrêté de prendre mes représentations pour la réalité. Pour être plus précise j’ai arrêté de croire que mes représentations de ma mère étaient la réalité. Ben du coup mon quotidien est vachement plus cool, oui en vrai j’ai pas d’araignée qui me menace.
Dessin de ma fille
elle avait 5 ans.
"Maman j'ai dessiné une araignée et toi à côté"
Je sais pas vous, mais je me suis dit qu'y avait une légère ressemblance quand même.
Voici un texte qui est en lien: cliquez ici
Christine Jeudy | Psychanalyste | Besançon