Un rêve : Je marche à Chapelle-d'Huin, à côté de la fromagerie, et je rentre chez moi. Au-dessus de moi, il y a une immense structure rectangulaire, une arche en fer avec du verre qui forme le ciel, comme un plafond extérieur, bleu transparent et lumineux. Plusieurs personnes manifestent, elles ne sont pas d'accord, pas contentes et cassent le verre. Une immense partie du toit de verre chute au sol dans un fracas, s'effondrant sur le sol. Je me dis "je ne vais pas passer par là". Mon amie M.. est là, elle prend sa fille dans ses bras pour contourner ces gens qui cassent les vitres. Une voiture, une Porsche, passe comme un fou. M.. manque de se faire écraser. Et moi, un peu à l'arrière, je manque aussi de me faire écraser. La voiture prend un virage un peu bizarre, juste avant des bâtiments, le virage est à angle droit et j'ai peur qu'elle s'écrase contre les bâtiments en pierre. Je continue mon trajet : une deuxième voiture fait la même chose. Alors j'essaie de monter au-dessus du mur en pierre, pour me protéger. Mais je me dis que si la voiture quitte la route parce qu'elle va si vite, elle va prendre de la hauteur et venir me percuter. Je grimpe quand même. Finalement, j'arrive dans une chambre magnifique, j'entre par la fenêtre. Elle est pleine de poussière, mais elle est trop jolie à mes yeux d'enfant. Il y a une étagère avec des peluches, des petites lumières de toutes les couleurs, un lit et un enfant qui dort. L'enfant me propose de rester dans sa chambre, je suis contente, je me sens rassurée. Je me sens chez moi. Là, la maman de l'enfant, qui est aussi une copine, le réveille pour aller à l'école. Elle m'explique qu'elle se trouve très bien dans cette maison, qu'elle vient chercher son fils par ce petit escalier, elle baisse un peu la tête parce que c'est bas de plafond. Lorsqu'elle l'a réveillé, elle descend avec lui pour aller manger. Je pense alors que son mec, lui, a dû aller réveiller l'autre enfant parce qu'ils ont deux enfants. Là, elle me dit oui, il descend par l'escalier, je le retrouve en bas dans le placard et je l'aide à installer ses chaussures.
Je suis devant la fromagerie de mon village natal, autrement dit devant ma mère, celle qui a fournit mon premier lait. Et là, je prends le sens de la route qui mène chez moi. Mon désir de me mettre en mouvement est stoppé par la foule de gens qui ne sont pas contents et cassent le ciel en verre qui chute, ce qui pourrait bien être une représentation de ma machine à faire des représentations qui me sert à représenter ma propre castration. Alors je change de sens (trop risqué) et mon amie, avatar de moi, s'accroche à son enfant/phallus. Je n'ai pas envie de le perdre, c'est pour ça que je change de sens. Je retourne dans une chambre d'enfant où je me sens bien, une représentation de ce temps fantastique du ventre de ma mère, elle est poussiéreuse la chambre, ça doit dater (heu voui 35 ans). L'interdit de l'inceste vaut aussi dans ce sens, je manque de me faire écraser/castrer toute entière à deux reprises. À moins que ce ne soit une représentation de ma scène primitive, quoi qu'il en soit le résultat est le même : je ne suis plus dans les deux cas. Une autre représentation de désir vient se glisser dans mon rêve, celui de ma mère/ou de moi mère, mon désir d'aider mes enfants à ranger leurs chaussures dans le placard : ceci est pour moi une jolie métaphore de mes enfants/ou moi enfant (les chaussures) comme phallus de substitution de ma mère/ou de moi mère (le placard). Mon inconscient ne s'embarrasse pas de paradoxe et me permet aussi dans ce rêve de vivre le fantasme du retour dans le ventre de ma mère et que mon père s'occupe de moi. Parce que le deuxième enfant que j'évoque dont je pense que le père est allé s'occuper, c'est d'une représentation de moi dont il s'agit et de mon envie de me faire mon père. Me voici à rencontrer lors de mon rêve un arc, deux Porsche que j'entends finalement comme un porche et un couloir escalier bas de plafond. Encore un de mes rêves où une même idée va par trois. Ici, il est question d'une ouverture qui mène dans un autre lieu et que j'emprunte, ou pas à l'évidence. Je doute de vouloir sortir, de m'accoucher au monde… le risque est bien trop grand, celui d'être Je. À être sujet, je risque de suivre mon désir, et si tous mes désirs étaient calibrés pour que j'en subisse la sanction de castration ? En référence à ce désir de mon père intégré comme cause de ma castration. Tout désir mènerait il donc à ce couperet : la castration ? Le risque vaut-il d'être pris de suivre ses désirs ? Mon rêve me donne à apercevoir que oui, ma copine, encore avatar de moi-même, s'y trouve bien dans sa maison, le risque de suivre mes désirs semble parfois valoir la chandelle pour moi...
Historique d'une analyse: année de ce rêve 2019, je n'y ai pas touché une ligne. A me relire je mesure le chemin que j'ai parcouru et que je parcoure encore.
Christine Jeudy | Psychanalyste | Besançon