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Créature versus Créateur

L'origine

Une passe au laboratoire de mes rêves

Un rêve "je suis sur une piste de ski sans neige. Un espèce de filin est tiré du haut de la pente vers le bas, pour permettre au gens de vivre ce que c’est que le parapente. Les gens essayent, ils sont rigollot et rigolent. Moi j’essaye une première fois c’est chouette. Pour ma deuxième descente je décide de m’attacher par les pieds. Mais en faisant ça je passe en dessous d’un garde corps avec roulette prévue au départ du filin, pour passer au dessus de ce même garde corps et filer dans la bonne direction. Me voici coincée tête en bas, entre la falaise et le garde corps qui a retenu le filin sur lequel je suis accroché. Je suis bien et je n’ai pas peur parce que je sais que je peux me décrocher.

En bas une fille arrive, grande fine, cheveux long et pas très habillé par rapport au froid ambiant. Elle vient avec des chaussettes pour voir un garçon et le remercier de ses compétences. Elle lui a préparé un cadeau. Elle redescent de la falaise en empruntant la voile de parapente. Puis elle dit à son conjoint allez vient je remonte j’aime trop ça. Elle monte vers le haut du filin pour s’organiser et descendre.

Un monsieur pas très grand et vieux, parle d’une autre aventure qui lui est arrivée: une histoire de sapin qui sort du trou, du vagin d’une femme ou d’un enfant en forme de sapin. Il me regarde moi: "toi tu connais ça avec tes rêves.

Un des garçons explique qu’il trouve que l’un des colliers de sa fille est beau, avec toutes une séries de lanières en cuire attachée les unes aux autres. Sur un support de tubulure ronde est suspendue toute une série de collier et de ceinture en cuire attachés par la boucle de fixation. Il en prend une mais la longueur est beaucoup trop petite pour sa fille. Il essaye de la rependre sur le support en passant la boucle: échec puis il recommence sans plus de succès, impossible de l’accrocher. Finalement il reprend une ceinture un peu plus bas sur le support pour l’offrir à sa fille."

De l’origine du corps à l’origine du Sujet

Descente du Col de l’Utérus

Voila un rêve frais récolté de ce début d’année 2023. Tous ces gens rigolos et qui rigolent sont autant d’avatars de moi. La piste de ski dépourvue de neige, couleur marron, représente un tube digestif par dessus lequel je m’élance pour descendre de la montagne. Le câble qui relie le haut de la falaise au village en fond de vallée est une métaphore du système génitale féminin qui m’a hébergé pendant 9 mois et m’a permis de sortir lors de ma naissance.

Vu d’en bas, où vu d’en haut, c’est selon: de taille de bébé j’ai dû trouvé ma mère super haute, une montagne. Alors dans l’après coup, j’y ai imaginé comment j’avais dû m’élancer/ tomber du haut vers le bas pour advenir au monde.
Je dis dans l’après coup parce qu’à l’époque la position d’accouchement était allongée, pied à l’étrier. Au lieu de profiter de la gravité le choix médical d’accompagnement/ de gestion de la naissance semble s’être porté sur le besoin de celui qui vient aider la femme à accoucher et non celui de la femme qui accouche.
Mais peu importe, pour mon inconscient c’est une représentation de ma naissance comme une chute de l’entre cuisse de ma mère qui s’est formée.

Pendant des années une peur tenace m’a privée de sauter. Impossible pour moi de sauter sur place ou bien d’un tout petit muret, alors sauter dans une piscine imaginez donc… Dans ce rêve je me mets en scène plutôt heureuse de sauter, j’en redemande. Le rêve insiste même dans mon deuxième essaie et me fait m’accrocher par les pieds. La position est typiquement celle d’un bébé qui nait tête en bas.
Cependant me voici retenue par le garde corps, où se coince le cordon ombilical. Mon corps pendant sous le joue de la gravité, impossible de me défaire de la montagne, de ma mère. Pourtant point de peur dans mon rêve: je sais que je peux me décrocher, je me récupère une seconde fois dans le rêve la maitrise de ma chute.
Ici j’y vois l’effet de l’analyse. De la représentation d’horreur de ma naissance: moi en train de chuter, mon corps tout entier tombant, j’en joue de manière sécurisé: oui ceci n’est qu’une idée, pas la réalité.
D’ailleurs l’effet de l’analyse est aussi sortie en vie de veille: depuis cette été j’ai découvert le plaisir de sauter en l’air, pour de vrai et pour moi. Le fait de prendre conscience que ce ne sont que des idées logées dans mon inconscient vient lever dans la réalité de ma vie de veille des interdits à faire.

Ces interdits étaient bien loin d’interdits illégaux dans le champ de la réalité, ces interdits s’étaient logés:

  • sur ma peur du vélo: interdit pour moi d’en faire sous peine d’un nœud au ventre terrible
  • sur ma peur de la chute: interdit pour moi de prendre plaisir en escalade, en parapente, en plongeant dans une piscine
  • sur ma peur de perdre: des difficultés à gérer les clés de ma voiture et une peur lancinante de cabosser ma voiture, de la perdre en somme.

Le garde corps peut à la fois être:

  • une représentation de mon désir de rester accroché au ventre de ma mère
  • une représentation de ma mère dans son désir de me garder comme un membre de son corps.

Tiens à vous l’écrire je me rends compte de la proximité avec l’expression “membre de sa famille, de sa lignée” A la fois j’en ressens un bien être et à la fois une lourdeur, ici encore!

Quand mes parents s’envoie en l’air: une scène primitive

La fille grande et fine aux cheveux longs qui arrive en bas de la pente est un avatar de ma mère. Elle est peu habillée par rapport au contexte de froid de mon rêve. Et ce, juste avant de monter s’envoyer en l’air avec son copain, représentation de mon père. Oui deux adultes qui baisent ça ôtent pas mal de couches de vêtements. Parfois il ne reste que les chaussettes.
Pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que les remerciements qu’elle adresse au garçon pour ses compétences se situent sur le plan sexuel et de géniteur. Petite dose de narcissisme: quand je me vois je me dis qu’il a été sacrément compétent le padré.
J’ajoute que mon désir pour lui est probablement aussi impliqué dans la constitution d’un scénario onirique à sa gloire. Linda Lemay l’a immortalisé dans l’un de ses textes: “le plus fort c’est mon père”

Le parapente comme métaphore de s’envoyer en l’air, je la tire de ma propre vie. L’un de mes exs était parapentiste. Pour lui, malgré ma peur j’ai sauté le pas et ai décollé d’une falaise en solo sous une aile. Je ne saurai vous expliquer comment j’ai réussi, comme un oubli, ou un refoulement.
Toujours est-il que mon rêve vient associer l’idée d’un dispositif de naissance à l’idée de s’envoyer en l’air. La scène de ma naissance est étroitement lié à la scène du rapport sexuel primitif entre mes deux parents: à l’origine de ma conception.

Petite précision, le fait d’accoler le parapente à l’image de ma mère, me fait dire que je m’identifie à elle. Oui elle est canon et surtout, elle: elle a eu mon père.
Cette identification à ma mère parle de mon désir sexuel pour elle ET pour son mari: mon père. Dans ce rêve ça donne ce truc un peu étrange où je serai celle qui s’est envoyé en l’air avec mon père comme point d’origine de ma naissance, comme si j’étais née de mon propre ventre ensemencé par mon propre géniteur.

Un jour, nous passions près du logement que j’ai occupé près de 5 ans avec mon fils. Cette époque datant d’avant ma vie avec mon conjoint actuel. Alors prise de nostalgie, j’ai expliqué à ma fille de 4 ans que j’avais vécue ici avant sa naissance.
Après un moment de silence elle m’a posé une question: “maman mais j’étais où avant ma naissance?” Déjà à l’époque sa phrase m’avait conduite à me replonger dans mes propres questions de moi à son âge. Ma mère m’avait rapporté un témoignage d’une de mes prises de parole un peu similaire “mais maman quand toutes les mamans étaient des bébés, comment les bébés ils ont été fait”
Cette question, sous des formes parfois un peu différente, qui ne l’a pas entendu de la bouche d’un enfant? il y a là comme un point commun d’intérêt pour l’ensemble des êtres humains.

D’une manière plus général cette question que se pose le Sujet sur son origine, d’où il vient, je l’entends chez mes analysants, je la comprends dans bien des religions et dans bien des contes et histoires du monde.

L’origine est une thématique que je trouve abordée dans:

Chacune de ces manières de traiter la question de l’origine permet aux Sujets qui regardent, de voir mis en scène, dehors, la question fondamental qui l’anime: je viens d’où (origine) je vais où (quelle est le sens de ma vie?).

Quand le Sujet est en processus de recherche de l’origine ça peut se fixer dans des domaines variés, comme:

  • dans la recherche de l’origine des étoiles

Naissance d’étoiles dans la Nébuleuse de la Carène, distance 7.500 années-lumière
Crédit image: NASA/HST

  • dans la création, ce qui produit des tableaux comme l’origine du monde

  • dans la recherche médicale: avec la recherche de l’origine des troubles somatiques, psychique…

  • dans la recherche de l’origine du Sujet, qui a donné la naissance de la discipline psychanalyse

Le parcours de recherche en soi est comme un chemin qui constitue le Sujet en plus de tous ses autres constituants qui font qu’il est Sujet.

Ainsi à ce stade de mes travaux je dis:

Je suis la créature de mes parents, qui de fait sont mes créateurs

Dans le champ du savoir anatomique je suis la créature

En tant que je suis le fruit:

  • d’un homme et d’une femme qui se sont accouplés
  • de deux gamètes qui se sont réunies pour faire un oeuf de Christine

Et j’ai muri, j’ai grandi, j’ai pris forme dans le ventre de ma mère avant de sortir de sa cavité utérine par le col de son utérus et sa vulve.

Dans le champ de la psyché je suis la créature

En tant que je suis le fruit:

  • de ce que mes parents ont fait de moi, du désir qu’ils ont eu pour moi…
  • de comment je m’extirpe de ce qu’ils ont fait de moi, de leur désir

Ces deux états différents se supperposent

Ces états de moi, dans des champs différents se supperposent, cohabitent et c’est l’ensemble des deux qui compose qui je suis.
Je suis à la fois:

  • du biologique, un corps, de la peau, des organes, des cheveux
  • du Sujet, avec son conscient et son inconscient, sa psyché et tout ce qu’elle contient

Du sentiment à la formation de la représentation de l’analyse en elle même.

Ce que je trouve au laboratoire de mes rêves

Extrait du rêve "Un monsieur pas très grand parle d’une autre aventure qui lui est arrivée: une histoire de sapin qui sort du trou, du vagin d’une femme ou d’un enfant en forme de sapin. Il me regarde moi: “toi tu connais ça avec tes rêves.”

Le sapin je le croise régulièrement la nuit, bien souvent devant une représentation de sexe féminin. Hé oui je sais de quoi ça parle le sapin et l’enfant pour moi, ça parle de cette idée que je me vois dans mon inconsient comme un garçon a qui on a coupé le zizi parce qu’une faute avait été commise. Le sapin et l’enfant je les associes à une représentation d’un zizi de remplacement.

Les variantes d’expressions dans mes rêves sont légions et la structure toujours la même:

  • parce que j’ai eu l’idée de désirer mon père et ma mère sexuellement,
  • l’idée qui en a suivi, comme explication de la différence anatomique entre les sexes: quelqu’un m’a coupé le zizi en punition

Le petit Monsieur est une représentation de mon analyse, de mon travail quotidien à retourner au laboratoire des rêves.
Le Rêve met en scène un vieux Monsieur en métaphore de Richard Abibon qui ici devient le représentant de ma propre analyse.

Au dela de mon analyse avec lui, les quelques années d’amitié que j’ai pu partager m’ont permises d’apprendre beaucoup dans ma chère discipline psychanalyse.
Point de passage à l’acte sexuel entre nous dans la réalité de vie de veille:

  • bien trop vieux pour moi
  • l’Homme qui partage ma couche étant celui avec lequel j’aime faire mon bout de chemin.
  • Richard s’étant mis à la retraite côté fille

J’ai retenu l’une des phrases de Richard à propos de l’Homme qui partage ma couche: “tu lui diras que part ce qu’il est, il a fait grandement avancer la psychanalyse. Parce qu’il ne se sent jamais menacé en vie de veille, parce qu’il ne confond pas l’imaginaire et la réalité, il n’a jamais rien empèché de travail entre nous, y compris le dire et l’analyse de nos affects/ sentiments/ transferts qui se sont tissés”

Avec Richard nous avons donc pu parler de nos rêves et de comment lui et moi y repérions un désir sexuel l’un pour l’autre. L’analyse de ces sentiments, souvent tabou à parler en société, difficile pour les Sujets à assumer, parce souffrant de la confusion entre réalité et imaginaire, nous a permis de:

  • parler de nous, de continuer notre psychanalyse en tant que Sujet
  • en parlant de nous de pouvoir dégager des points de structures semblable ou différent en deux Sujets distincts

C’est en analysant aussi les sentiments/ affects que la discpline psychanalyse avance, dans la mesure où les affects sont le symbolique en tant que tel: j’y reveindrai un peu plus loin dans le déroulé de ma pensée.

La différence d’âge aidant, la transmission de savoir en prime, je trouve des similitudes entre Richard et mon père. L’un père biologique qui m’a donné la vie et m’a élevée, et l’autre père spirituel, père de psychanalyse.
Dans les deux cas j’ai la représentation d’être la créature de chacun d’eux et que mon travail d’analyse me mène justement à m’extirper de ce qu’ils ont fait de moi.

J’ai parfois ce doute lancinent: “quand je dis ça: c’est qui qui cause? moi? ma mère? Richard? mon père?..”
Et bien justement ce qui compte c’est que j’ai à en dire quelque chose. En parlant, de ce doute: je parle de moi.
Et là je produits du Sujet Christine: c’est à dire que je me différentie de chacun d’eux. Je m’extirpe de leurs mots, de leurs désirs. En parlant de moi, des idées qui me traversent la tête, de mes doutes, de mes rêves, des associations libres qui en découlent j’adviens comme Sujet à part entière, qui tient le volant de son propre véhicule.

Je coupe ainsi les fils de qui comme pinocchio me reliaient à mon créateur.

Je le dit à nouveau: rien ne se perd, rien ne s’efface. Lorsque j’observe des nouveauté de mon incosnceint, mes autres trouvailles subsiste. Ainsi je suis à la fois:

  • la créature de mon créateur
  • la créatrice de moi en tant que Sujet

Quand je dis que je m’extirpe de ce que mes parents ont fait de moi, ça n’efface pas le fait que je suis le fruit de ce qu’ils ont fait de moi. Ici deux états contraire cohabitent, un peu comme le Chat de Schrödinger

Une représentation: mais c’est quoi au fait?

D’abord les organes des sens perçoivent

  • vue
  • ouie
  • toucher
  • gout
  • odorat

La perception est calibrée sur un spectre et sur des ondes spécifiques, liées à la capacité de réception des organes des sens.
Ensuite ça s’inscrit dans la mémoire sous forme de traces perceptives. Ce qui a été perçu par les organes des sens est inscrit comme une masse de traces de perceptions. Dis autrement les traces perceptives sont illisibles. Je fais le choix d’appeler ces traces perceptives Réel.
Ces traces subissent alors un encodage par le symbolique: nait alors la représentation.

La représentation est une représentation subjective: elle diffère d’un Sujet à l’autre. Elle est différente de la chose qu’elle représente. Nait ici la conscience.

C’est donc avec les perceptions et les représentations que nous construisons ce qui s’appelle la réalité. La réalité décrite par un être humain est donc:

  • subjective
  • différente de la réalité des choses en tant que telle

Le sentiment/ l’affect: c’est le symbolique en tant que tel

J’ai eu le bonheur de travailler avec Jean-Claude pendant près d’une année. J’en ai retenu cet échange qui me vient aujourd’hui:

  • le gars me dit: “Christine, réfléchit, de quoi tu te souviens dans la vie?”
  • moi de répondre “ben des trucs qui m’ont marqués: triste ou joyeux, c’était toujours des moments spéciaux pour moi”
  • Lui de conclure " ben voila ce qui marque la mémoire d’un être humain c’est un truc qui lui a fait quelque chose, un sentiment agréable ou non."

Ce qui me marque, ce qui me troue, ce qui me reste en mémoire sont des images/ des représentations de mon passé qui parce que j’ai été touchée dans mes sentiments, se détachent d’un ensemble plus compact dont je ne me souviens pas.

Dans le je ne me souviens pas, me vient deux choses:

  • le souvenir n’existe pas, il n’y a pas de représentation au sens ou la masse de mes perceptions de l’époque n’est pas passé sous la lame du symbolique. La masse perceptive n’a pas été découpée pour former une image. Je n’ai pas ressenti de sentiment qui a fait émerger une représentation de la masse compacte de mes perceptions.
  • le souvenir n’est plus accessible, l’image/ la représentation est cachée dans les tréfonds de mon inconscient parce que vu comme désagréable. Oui j’ai tendence à oublier les choses qui m’ont procurée du déplaisir, voir de l’horreur: j’ai plus envie de le voir chez moi: c’est l’effet de censure/ de refoulement/ de déni

Dans les deux cas, c’est mes sentiments qui expliquent:

  • la découpe dans la masse de mes perceptions: c’est parce que j’éprouve un sentiment que je détache une image d’une passe compact de perception
  • l’accessibilité / la non accessibilité d’un souvenir, d’une image, d’une représentation: c’est parce que j’éprouve un sentiment que l’image / la représentation est accessible à mon conscient ou pas.

Ces deux mécanismes bien que sensiblement identiques sont pourtant bien différent.

  • Pour le premier il s’agit du constat de la non production d’une image/ d’une représentation. Il n’y a pas de différence dans la masse des perceptions. Ici pas d’affect particulier

  • Pour le second il s’agit d’une conséquence de l’absence d’une représentation qu’il devrait y avoir. La représentation n’est plus accessible parce que vu comme terrible: un zizi plus là ou qui pourrait ne plus être là la castration Ici les affects sont présents et peuvent prendre une ampleur incroyable, notement l’angoisse.

La castration est le moment ou l’enfant se rend compte qu’il y a ou pas un zizi entre les cuisses de la moitié des êtres humains: qu’il y a une différence. Cette différence l’enfant se l’explique par l’idée qu’il y avait un zizi qui a été coupé.

L’absence de zizi pour de vrai est vu comme une absence de représentation du zizi là ou il devrait y en avoir un. Ca laisse un rien, un trou. J’ai trouvé dans mes rêves des scènes ou je me dis qu’il y a rien là ou il devrait y avoir quelque chose. J’ai des analysants qui témoignent de moment de vie ou le cousin, le frère, le copain vient regarder sous une jupe et dit “y a rien”

L’abscence de présence du zizi pour de vrai, amène une abscence de représentation du zizi là ou l’enfant en attendait imaginairement une. Ceci amène de suite une représentation de la coupe du zizi / castration, qui amène à son tour une représentation du trou.

Une sorte de là/pas-là qui me rappelle fortement le fort-da. Ce mouvement de jeter au loin l’objet pour mieux en récupérer une représentation.

Petite fille, ce là/ pas là m’a sauté aux yeux avant de sauter au fin fond de mon inconscient sous le mode: l’humanité est coupé en deux:

  • Il y a ceux pour qui il y a un truc entre les cuisses qui est pas là (coupé)

  • Il y a ceux pour qui il y a un truc entre les cuisses qui est là

Ce là pas/ là est vu comme similaire à ma maitrise du départ de l’objet dont je cherche à me récupérer une représentation. Je jette l’objet au loin pour me récupérer la représentation dans la tête: pas l’objet pour de vrai.

Cette coupure entre le mot et la chose dont je parle plus haut: le mot (champ de l’imaginaire/ du symbolique) n’est pas la chose (champ de la réalité) qu’il nomme. Ce là/ pas là vient me rappeler la coupure que j’imagine entre mes cuisses, pas de zizi / le zizi en moins: ma castration.

A la fois cette coupure:

  • est nécessaire pour fabriquer de la représentation: donc nécessaire à ma naissance en tant Sujet
  • est terrible et refoulée parce que horrible d’imaginer qu’un zizi puisse ne pas être là/ coupé/ envolé…

L’analyse c’est donc aussi parler des sentiments/ des émotions/ des affects qui sont les ciseaux appelés parfois symbolique. C’est ce que le Sujet érpouve qui lui permet de dégager une représentation d’une autre, ou bien encore de la masse perceptive inscrite dans son cerveau.

Le processus d’analyse conduit par son essence même le Sujet:

  • à identifier la coupure/ la différence entre la réalité où mon zizi est plus là et mon imaginaire où il est encore présent.
  • à identifier la coupure/ la différence entre l’idée d’être un morceau/ une marionnette de mon créateur et l’idée d’être moi à par entière, justement coupé de celui qui m’a créé.

C’est en parlant de moi que je fais de la psychanalyse: ma psychanalyse. Je me mets au monde en tant que Sujet à part entière, faite de tout ce que je viens de parler: rien ne se gomme, tout reste. J’ai du vivre ce chemin de psychanalyse dans ma chair pour en comprendre l’entièreté de la chose, et j’ai pas fini. C’est ce chemin qui me permet de repérer les mouvements de mon inconscient. Plus je les voient, plus je les repère, plus je différenties la réalité de mon imaginaire, plus je m’appaise en vie de veille.

Le point de bascule: et quand je deviens le créateur?

Retour au rêve et analyse

Je continue mon propos en suivant le plan fort à propos apporté par mon rêve. La transition avec l’enfant qui parait étant faite, je peux parler davantage de ce garçon qui cherche un bracelet ou une ceinture pour sa fille.

L’homme qui cherche un cadeau pour sa fille dans mon rêve peut être à la fois mon père et le père de ma fille.

Sa tentative d’accrocher la boucle de ceinture sur le portant de tubulure ronde est une représentation d’un acte sexuel. Ici l’interdit de l’inceste est également représenté: ça tient pas. La boucle glisse au sol sous la force de la gravité terrestre mais surtout de la situation: le sexe entre père et fille c’est interdit.
L’interdit porte sur le passage à l’acte hein, pas sur l’idée. Ici il s’agit justement d’une représentation de l’interdit du passage à l’acte.

Le bracelet me fait associer sur trois idées:

  • le père de ma fille lui a offert un bracelet de la sorte. J’en ai ressenti une pointe de jalousie. L’Oedipe ça fonctionne dans le sens créature / créateur et dans le sens créateur / créature.
  • j’aime ce type de bracelet, j’en ai moi même un et suis sensible à la vue de tels ornements. Le Bracelet agit comme un truc en plus qui enjolive cheville et poignet. Petite j’avais une angoisse terrible au coucher: qu’une sorcière vienne me couper tout membre qui dépasse du lit. Avec l’analyse j’ai compris qu’il s’agissait une modalité d’expression de mon angoisse de castration. Mon goût pour les bracelets en est une autre modalité d’expression, plus apaisée.
  • j’ai croisé une personne dite psychaotique qui se parait de bracelets, moins jolies que ceux de mes rêves mais bon. Lors de moment crutiaux dans sa vie, il les serrait incroyablement fort: au risque de blesser son corps. A l’époque j’avais fait l’hypothèse que cette pratique lui permettait de sentir le bout de ses membres et ainsi de se garantir leur présence, leur accroche à son corps, comme pour conjurer son angoisse de castration.

La fin de mon rêve est une mise en scène de l’interdit de passage à l’acte d’inceste et de sa conséquence:

  • la chute du bracelet comme métaphore de la chute du membre qu’il pare,
  • elle même métaphore de la chute / perte de mon zizi.

De créature je deviens créatrice. La bascule se fait et cohabite avec l’entièreté des lignes que vous venez de lire.
A parler de moi je m’accouche en tant que Sujet et je deviens en partie créateur de la fille moi même. Rien ne s’efface, je suis aussi la créature d’autres qui ont été mes créateurs.

Je suis devenu mère. En ça j’ai endossé le rôle de la créatrice, génitrice dont je parle plus haut. J’ai exercé la fonction de travailleur social. Je me suis autorisé à exercé la fonction de psychanalyste. Dans l’ensemble de ces moments de vie la question du rapport entre créateur et créature se pose, ici en tant que moi créateur et l’autre créature: le désir de chacun en étant la pièce articulatoire.

Et dans la pratique

Le mensonge

Lorsqu’un analysant, un de mes enfants, une personne qui fréquente le Tiers-lieu… me ment, j’y entends une vérité.
Lorsque moi même j’ai menti, c’était pour échapper au désir de l’autre, à l’emprise de cet autre. Il y a une vérité dans ce mensonge: une vérité subjective. Lorsque j’ai fait croire à ma mère que je dormais, c’était pour échapper à son désir de m’emmener à la messe le dimanche matin avec elle. Lorsque j’ai arrêté mon analyse avec l’avant dernier de mes psychanalystes, j’ai voulu le lui annoncer par téléphone, pour échapper à l’engueulade que je pressentais. Aujourd’hui je le remercie néanmoins de son insistance. J’ai pu vivre l’enguirlandé en physique, tenir mon choix subjectif et assumer mon désir de changer de cadre. Lors de cet échange, je n’ai pas menti: j’ai dis ce que j’avais à dire et j’ai survécu. Voir j’ai été un petit peu plus moi. Il m’a permis de m’accoucher de moi même ce jour là. Notons que le processus d’accouchement de soi même est infini.

Alors lorsque qu’un analysant cherche à louper une séance, je fais plusieurs hypothèses:

  • qu’il cherche à sortir de mon désir de le voir de l’écouter, afin d’exercer son propre désir ailleurs.
  • Et je me dis aussi que ça peut être juste le hasard.
  • que je sais pas pourquoi il cherche à annuler.

Lorsque les analysants cherche à annuler une séance je dis oui. Ce qui importe c’est ce que eux ils auront à en dire, ou pas. C’est en ayant le loisir de décider de parler d’eux qu’ils produisent du Sujet eux-mêmes. Lorsqu’il viennent en séance avec moi c’est parce qu’ils le veulent, ils acceptent la confrontation au désir de l’autre: ici le mien.

En cherchant à échapper à sa séance je pourrais dire qu’un analysant tient le discours du maitre: celui qui fait la loi. Il passe au delà du temps de rencontre qui doit être tenu… bon ça peu aussi être vu comme de l’hystérique, c’est selon. Oui l’hystérique peut être aussi vue comme définition de celui qui conteste le maitre. Ici a part tenter de mettre une étiquette sur un Sujet et me mettre en position de sachant pour l’autre, de maître, je vois pas bien en quoi ce type de processus vient m’aider dans mon job: permettre à l’analysant de parler de lui.

Aujourd’hui je dis que le discours de l’analyste, c’est pas tant ma parole en tant que telle, c’est ce qui dans le dispositif analytique permet à l’analysant de dire quelque chose qui puisse lui permettre d’analyser lui même ce qui s’est passé.

L’affrontement entre deux désirs

Comme je vous l’ai décris plus haut, je suis à la fois:

  • créature et créateur,
  • éduqué / éducateur
  • analysante / analyste,
  • fille / mère
  • pinocchio / Geppeto

En travaillant à cet exposé, j’ai pris conscience d’une chose:

Je tente de m’extraire du désir de mes parents ET de mes enfants. Il en est de même dans ma relation à mes analysants.
Pour la première fois de ma vie j’ai cette nouvelle hypothèse: les parents / les créateurs, eux aussi tentent de s’extirper du désir de leur enfant / de leur créature.

La remonté à mon conscient de cette idée est venue adoucir une tristesse collante du peu de contact que j’entretiens avec ma mère. J’ai envié mes copines de leurs appels incessant à leur mère. Moi je n’en ai pas l’envie. En rêve bien sûr oui, mais pas en vie de veille. La culpabilité est venue se nicher à cette endroit: comme si j’étais une mauvaise fille.

A cet instant je sens un mouvement différent, comme un pas de côté qui me fait comprendre que mon désir (et peut être le sien) est aussi de sortir du désir de l’autre. Alors parfois ça conduit à peu de contact en vie de veille au moins pour le Sujet moi même.
Le côté moral de ce peu de contact laisse émerger une nouvelle représentation à laquelle j’avais pas encore accès. Rien ne se perd, tout reste et s’enrichit de nouveauté qui était rendue inaxessible par le refoulement. La morale j’en ai déja parlé d’en d’autres articles alors je ne vais pas allée plus loin ici, elle est liée à l’interdit de l’inceste.

Il ya un affrontement entre désirs contradictoires chez un même Sujet et entre deux Sujets autour de leur désir respectif.

Prendre le dessus sur l’autre

J’ai beau le savoir, l’analyser, ces mouvements m’émeuvent, me meuvent et m’anime.
Autre exemple de mon moment: mon fils grandit, vit sa vie, est amoureux.
Une partie de moi est heureuse de le voir ainsi, et une autre part est en colère, blessé comme si j’avais perdu un membre. Je veux et je veux pas qu’il advienne au monde en tant que Sujet à part entière, parce qu’en corolaire c’est comme le perdre.
Bien sûr que je ne le perd pas pour de vrai. Ici c’est la confusion entre imaginaire et réalité qui se joue. En parlant de lui même, le Sujet repère au fur et à mesure la différence entre les deux champs. Ce n’est qu’une idée: pour de vrai je perds rien.
Dans le Chevalier Vert le réalisateur met en scène ce mécanisme très subtilement. Lorsque Gauvin se soumet à la règle du jeu écrite par sa mère, son avenir:

  • qui semblait compromis, soit par la mort tête tranchée, soit par une vie sans honneur qui conduit à la déchéance parce que n’ayant rien vécu en tant que lui,
  • devient ouvert à un règne long, à une vie pleine et à la naissance d’un enfant: une fille.

Concernant mon fils, j’ai la sensation que quoique je dise il me reprend et tente d’avoir le dernier mot: comme moi en mon temps et encore aujourd'hui avec ma mère. J’ai comme le besoin impérieux d’avoir le dernier mot en vrai, comme pour me sauver en tant que Sujet et ne pas rester la prisonnière de ses mots, des fils qui lui ont permis de me mettre en mouvement.

Passé l’affrontement entre nos désirs, psychanalyse aidant j’accède à un espace vide (légèrement angoissant la chose hein) où peut se nicher mon désir, sur un autre objet que ma créature/ mon fils:

  • la discipline psychanalyse,
  • mon analyse,
  • la permaculture,
  • l’hydrologie,
  • mon mec…
  • de nombreux autres sujets dont je me plains de ne pas avoir assez de temps pour en faire l’étude.

Le désir de sortir du désir de l’autre, parfois ça donne dans la réalité:

  • un vide,
  • une distance en kilomètres entre l’un est l’autre,
  • parfois ça donne de la violence à l’égard de l’autre,
  • ou encore de la distance dans ce qui se dit lorsque cet autre est en présence.

Mais alors que faire? comment faire un bout de chemin ensemble?

Je parle dans ce passage, d’affrontement entre des désirs, de résistance au désir de l’autre, de désir de sortir du désir de l’autre comme passage vers un accouchement de soi même. La rupture pour de vrai dans la réalité est elle une fatalité? je dis non.

Si cet autre que je suis (l’analyste, la mère) se pose dans une limite universelle, limite qui bien souvent se rapproche de la morale, ben ça aide pas l’analysant à parler.

  • D’une part ça vient en renfort de la censure interne
  • et d’autre par ça renforce le mouvement du Sujet qui tente de sauver sa peau en venant contre, pour ne pas être la marionnette de son créateur.
    La morale pointe sont nez ici, parce que quand je parle de désir qui s’affronte, c’est quand même bien proche du désir sexuel princeps et interdit: le désir d’inceste.

Dans ma fonction de mère, tout comme dans ma fonction de psychanalyste j’analyse en permanence ce que l’autre me fait, le désir qui se joue pour moi dans notre relation. Ainsi je repère mieux ce qui est du champ de mon inconscient, de ma réalité et ce qui ne l’est pas. Comme je l’ai écrit plus haut, ce qui permet à un Sujet d’advenir c’est de parler de lui, parce qu’ainsi il produit du Sujet lui-même. Il advient à son monde. C’est ce que je fais.
C’est en analysant ce qui se passe pour moi, parce que j’ai la pratique de l’exercice, que je me définis une représentation de moi même. Une représentation elle est faite de limites, de bords qui viennent la déterminer en tant que telle. Alors quand moi, la meuf Christine, je vois de mieux en mieux ma représentation, mes limites: je viens favoriser l’autre en face de moi dans sa production de sa propre représentation de lui même.

Poser des limites c’est pour moi poser ses propres limites au sens de ce qui détermine/ dessine le Sujet Christine. Ainsi j’évite autant que possible de projeter sur cet autre que j’écoute des choses qui sont de moi. Nos représentations se différentient.

Le fait que je donne accès à mes limites au sens de qui je suis ça permet:

  • de moins se mélanger à l’autre
  • de donner un point de repère à cet autre en construction pour qu’il puisse en parlant de lui même advenir en tant que Sujet

Et si la créature désire rester sous la coupe du créateur?

En terme de désir contradictoire: y a celui d’advenir en tant que Sujet et celui de rester un bout de ma mère.
Rester le bout de ma mère, la marionnette de ma mère c’est vouloir rester la créature de mon créateur. Le désir de rester un bout d’elle est une forme d’expression de mon désir sexuel pour elle.
Sortir des jupes de ma mère, du savoir de l’autre: naitre au monde en tant que Sujet c’est ben compliqué quand même, ça me laisse seule avec moi même. Ce toute seule se colle à l’idée de la perte, de l’abandon.

Je prendrai d’écrire davantage sur cette thématique.

Pour allez plus loin

Encore une fois chaque sujet est singulier, et oui surement que mon positionnement de moi vient jouer dans le positionnement de ma fille, comme celui de ma mère en son temps avec moi.

Pour ceux qui veulent approfondir davantage sur la question de “qu’est ce qui se tisse entre parents et enfants” je vous renvoie aux vidéos suivantes:

Christine Dornier | Psychanalyste | Besançon

Sujet et Hors Sujet
Colloque de psychanalyse Besançon 2020