Dans l’énoncé des
lignes que je suis en train d’écrire, il s’agit juste d’une
représentation de ce que je pense. Cela ne vaut pas leçon de moral ni
théorie universelle. Mon discours est à mon sens ni mieux ni moins bien
qu’un autre, et le champ depuis lequel je parle ni mieux ni moins bien
qu’une autre discipline, juste c’est le mien.
De plus mon travail de recherche, au court du temps m’amènera peut être à réviser/revisiter ce que je dis aujourd’hui.
Oui si je trouve dans la confrontation de la théorie à ma pratique des
écueils, des points qui ne correspondent pas/plus à ce que j’ai trouvé précédemment comme éléments de structure de la psyché, je vais les
analyser et réajuster mes éléments de compréhension.
Les structures en psychanalyse, ça me fait d’abord penser au surmoi
L’idée d’aborder la question “des structures” ma conduite par association libre a penser au Surmoi. Alors allons y :
Dans un film éponyme,
Luca est sur le point de s’élancer du haut d’une grande montagne,
enfourchant avec son ami une vespa construite de bric et de broc.
Le réalisateur nous fait entre-voir ce qui se passe pour lui à cette instant là:
- Luca “je peux pas, je peux pas, jamais de la vie”
- Son ami Alberto de lui répondre.“je connais le problème, tu as un Bruno dans la tête” “un Bruno?” “oui ça m’arrive par moment: Alberto s’est dangereux, Alberto tu vas mourir, Alberto pas dans la bouche on t’a dit… Luca s’est très simple écoute pas cet idiot de Bruno”
- Luca de demander"pourquoi il s’appelle Bruno?"
- Alberto: “je sais pas on s’en fiche de ça. Appel le comme tu veux mais fait le taire. Allez répète après moi: silencio Bruno”
Le surmoi ici c’est “le Bruno” dans la tête, autrement dit une voix qui vient donner à entendre de l’interdit. Le rôle du surmoi est ce qui permet le maintien de l’interdit de l’inceste.
Cependant, j’ai trouvé dans mon inconscient, comme ici pour Luca des interdits à priori qui ne sont pas des interdits d’inceste.
Dans mon inconscient j’ai trouvé la chose suivante: petite fille, l’idée
d’interdit de l’inceste s’est collée à tous les autres interdits de
vie quotidienne donnés notamment par mes parents.
Or, pour de vrai ces autres interdits ne sont pas à priori l’interdit de l’inceste en tant que tel.
Mais quand je dis interdit, qui pour de vrai n’est pas à priori lié à l’inceste, de quoi je parle finalement?
- Je parle par exemple, de l’interdit de passer par la fenêtre du 3ème étage. Oui parce que contrairement aux oiseaux nous n’avons pas d’ailes. Le risque corolaire est de se blesser gravement, voir de mourir. Ici il s’agit d’un interdit qui vient comme un tuteur garantir la vie sur le plan physique de l’enfant.
- Autre exemple, quand je demande à mes enfants de ne pas faire pipi et caca partout, c’est d’abord par commodité: je n’ai pas envie de tout nettoyer pour eux. Je fais l’hypothèse que nous sommes à peu près tous d’accord sur le pipi/caca, c’est quand même chouette quand il y a des lieux réservés à ces commodités (justement).
- A me relire, j’ai eu l’idée bien que fuguasse que l’interdiction lié au pipi et caca, c’est aussi lié chez moi à quelque chose de sexuel, encore… genre ça me rappel mon plaisir à sentir/sortir/retenir l’urine et le caca.
Voici que je touche du doigt comment l’interdit de l’inceste a glissé chez moi sur les interdits de la vie quotidienne:
Là ou ça se corse encore plus, là ou nous pouvons être de moins en moins d’accord, là ou l’interdit glisse et s’exprime d’une manière éminement subjective,
- c’est par exemple sur le port de la casquette/ou pas dans un lieu intérieur,
- sur le fait d’utiliser une éponge pour la vaisselle et une pour la table/ou pas
- sur le fait de dire “mets un pull tu vas avoir froid”…
A noter que la déclinaison de ce qu’il faut faire/ou pas revient au même que de donner une liste d’interdits. Et ces listes de ce qui faut faire ou liste des interdits trouvent une forme d’expression éminement subjective.
Dans mon inconscient c’est ces types d’interdits que j’ai associés/liés/collés à l’interdit de l’inceste. Or l’interdit ça me fait penser au désir, dans le sens où si une chose m’est interdite, c’est que je le désire.
Et le lien avec ce que je comprend de ce que dit Freud?
Je
me fais la représentation que pour Freud le surmoi c’est le rejeton du
complexe d’œdipe. En ce sens ou il pense que le complexe d’œdipe à un
moment disparait, se dissous et qu’en disparaissant il laisse advenir le
surmoi.
Le surmoi c’est comme si l’autorité de papa et maman, nous finissons par nous l’imposer nous même.
Dans ma propre analyse j’ai constaté au contraire que le complexe d’œdipe ne se dissous jamais.
Je peux dire qu’il ne se dissous jamais pour deux raison:
- il est toujours là: je le constate rêve après rêve: scène primitive dans le sens moi/enfant mes parents
- je constate en étant devenu parent que l’œdipe va aussi dans l’autre sens, de moi/parent à mes enfants
Ici le complexe d’œdipe je le décris de deux point de vu: celui de parent et celui d’enfant.
Ces deux points de vu garde la même structure: un trio composé de Sujets
ayant l’idée d’un désir sexuel pour des membres de leur famille et
l’idée que ça leur est interdit.
Je constate ça chez moi et l’ensemble des gens que j’ai écouté et écoute encore… sans compter ceux qui ont la gentille de poster leur rêve et analyse en public.
Je vais maintenant faire un retour au laboratoire de mon inconscient et vous parler d'un de mes rêves:
Je suis dans le village de mon enfance. Je garde la maison pendant l’absence de ma mère. J’ai laissé mon tél��phone en charge dans la chapelle qui jouxte la maison de chez mes parents. Une messe est en préparation, les gens arrivent. J’entends un de mes amis jouer/tester le micro. Je me sens hyper gênée d’autant que j’aperçois au fond dans la sacristie le prêtre en train de se préparer. J’utilise un autre téléphone depuis quelques jours, plus petit, moins technique mais tout aussi efficace. Seulement je me sens super mal à l’idée d’avoir perdu l’autre. En effet j’ai le doute, l’ai je ramené à la maison avec le chargeur? Ou laissé à l’église? Je tente de rentrer dans la maison par le jardin, c’est super compliqué, un tas de sable bloque l’entrée. Il faut que je prenne de l’élan pour franchir la pente et ça ratte à chaque fois. Des gens arrivent autour de l’église. Ça parle de guerre et d’élection politique. Les esprits s’échauffent, un groupe se mets à taper contre un panneau métallique qui protège les murs en réfection de la chapelle. Ils invectivent violemment les gens qui vont à la messe. Ma mère rentre. Je lui explique mon problème. Elle voit passer la responsable des messes Sylvie L. Elle court lui demander si elle a vu le téléphone. Ma mère reviens bredouille. Elle regarde dans son sac et sort son téléphone. “Ah j’ai le miens, ça me fait rudement plaisir de pas l’avoir égaré, pour une fois que c’est pas à moi que ça arrive”
Collage entre le mot et la chose ou le chemin de la confusion.
Voici un rêve qui me fait prendre la place de ma mère dans sa propre maison, mais pour un temps. Le fait que je garde la maison de ma mère pendant son absence me fait penser qu’elle va revenir, d’ailleurs elle revient la fin de mon rêve. C’est à dire que j’ai l’usage de sa maison, métaphore de son corps, mais pas pour toujours: pour un temps.
Si la métaphore ne fonctionne pas, ça veut dire que le Sujet prend des mots pour des choses: c’est quand les mots ont quasiment la valeur matériel de la chose. Et ça c’est encombrant.
Ici
je pense à une représentation de l’interdit en ce sens où la fin d’une
chose, interdit le prolongement de son usage. Le rêve met en représentation l’interdit en acte par le retour de ma mère. Oui m’a mère m’est interdite, c’est la question de l’interdit de l’inceste qui se pose ici.
En association, je repense aux enfants, non à moi enfant, et comment
lorsque je devais finir une activité plaisante c’était horrible pour
moi. Je pleurais à chaude larme, comme si l’on m’avait arraché un
membre.
Le fait de vous raconter mon analyse, me permet de clarifier que l’idée d’inceste elle est à la fois vue par mon inconscient:
- comme un désir auquel je souhaite accéder donc désir à réaliser (pas pour de vrai hein le pour de vrai est interdit)
- comme un désir d’interdit/ désir que ça ne se réalise pas.
Le rêve en tant que tel met également en scène une fin à l’usage que j’ai de la maison de ma mère, mon rêve dit stop: je me réveille. Ici encore une représentation d’interdit en acte, mais un peu différente. En effet ici représentation vient représenter la limite, au sens ligne de découpe différenciant le rêve de la réalité, l’état de sommeil de l’état de veille…
Dans
mon rêve/mon inconscient, je voudrais être elle, pour avoir mon père et
avoir la capacité de me faire naître au monde moi même: autrement dit
avoir/être le ventre qui m’a engendrée.
J’y reconnais ici la question du complexe d’œdipe/ du désir d’inceste,
et désirer sexuellement un de mes parents: c’est interdit.
Plus précisément le désir d’inceste est là dans l’inconscient sous forme de
désir de réalisation et désir de non réalisation (interdit).
Le passage à l’acte d’inceste, lui est présent dans la réalité de vie de
veille sous forme de non réalisation (interdit) et malheureusement
aussi de réalisation
La force de l’analyse me permet de dire:
L’idée d’inceste c’est à la fois:
- l’idée d’un désir de réalisation de l’inceste
- l’idée d’un désir de non réalisation de l’inceste: idée de l’interdit d’inceste. Il n’est par contre pas interdit d’avoir la pensée de réalisation de l’inceste.
L’inceste je le vois à la fois:
- du lieu de l’imaginaire/ de l’inconscient/ du rêve
- du lieu de la réalité de vie de veille.
Moi, le sujet Christine je navigue entre:
- mon inconscient, mon rêve: la zone du pour de faux, de mon imaginaire
- ma réalité de vie de veille: zone du pour de vrai, du passage à l’acte en tant que réalisé ou non réalisé (interdit). où le passage à l’acte est interdit
La force de
l’analyse me permet de décoller ce qui avait été collé par mon
inconscient, d’observer les bandes vertes et rouges comme composantes
contradictoires d’une même bande: la jaune.
La structure de ce collage s’est mise au service du refoulement/ déni,
je ne veux pas voir. Mais ne pas voir quoi? et bien la question de
l’inceste justement.
Mise en place d’un vide/une découpe entre le mot et la chose
Je sais que pour de vrai je ne peux me mettre au monde physiquement (interdit), il n’en est pas de même pour ma naissance Subjective, au contraire.
Pour de vrai quand bien même mon inconscient a collé les deux types de naissances entre elles, ce n’est pas la même chose:
- l’une est de l’ordre du physiologique
- et l’autre du psychique.
Mon inconscient dans un incroyable raccourcit a posé le sceau de l’interdit à m’accoucher de moi même, à devenir Sujet à par entière, comme s’il s’agissait d’une naissance physique.
Je
suis estomaquée de voir comment mon inconscient est venu accoler l’idée
de ma sortie du ventre de ma mère (naissance physique de mon corps
physique) comme image/représentation matrice de ma naissance en tant que
Sujet. Oui pour vous parler de ma naissance en tant que Sujet je ne
saurais vous la décrire autrement, que de sortir d’un endroit où la
construction de ma représentation de moi même c’est faite: ici la maison
de mes parents.
L’accouchement de moi même au risque de la guerre de chapelle
La maison du village de mon enfance, est celle où je suis née. Je viens d’en hériter pour moitié suite à la mort de mon père. Cette maison de mes rêves c’est aussi une représentation de moi en tant que je m’identifie à ma mère, que je voudrais être elle.
Il s’agit donc ici à la fois:
- d’une mise en scène autour d’un accouchement de moi par moi.
- d’une tentative ratée de retourner dans le ventre de ma mère: l’échec de remonter le tas de sable.
La chapelle
comme la maison me fait penser au ventre de ma mère dans la mesure où
elle les fréquente régulièrement. Je m’en fais une représentation que
c’est un peu sa deuxième maison.
Ce lieu tombe sous le sceau du sacré, tout comme le ventre de ma mère: interdit d’y faire des choses de l’ordre du sexuel.
Alors
voir un de mes amis jouer avec son micro là au milieu: ben ça me gène.
Ici j’associe à ce soir de novembre au ciné-club où ma mère est venue.
Un ami psychanalyste nous a proposé de visionner le film “Benedetta”. Le
temps de l’échange venue, j’ai botté en touche, trop fatiguée ai-je
dis. La fin du ciné club fut avortée et le débat n’a pas eu lieu.
J’en fut incroyablement soulagée, comme si j’avais pu éviter une guerre de chapelle:
- d’un coté ma mère et sa religion,
- de l’autre mon ami et la psychanalyse.
Je craignais la confrontation sur la question du sexe et de l’église entre ma mère et mon ami: oui l'angoisse hein. Mon rêve emprunte le contexte géo-politique de ces dernières semaines comme renfort à cette représentation de la guerre de chapelle.
Mais pourquoi ce rêve maintenant?
Et
bien parce que dans mon activité de psychanalyste me voici à collaborer
avec des universitaires, des gens de tout horizon qui parlent d’une
psychanalyse qui dans la représentation que je m’en fais ne correspond
pas à la représentation que je me fais moi de la psychanalyse.
Je crains la guerre de chapelles parce qu’à la fois:
- Je crains, comme
dans mon rêve, des hordes de gens qui viendraient me secouer et attenter
à mes murs, à ma peau, à l’intégrité de mon corps.
Je porte cette crainte d’un risque qu’ils ne comprennent pas qui je suis, ce que je dis/ou ne seraient pas d’accord avec ma représentation de la psychanalyse. Le risque étant de me faire dézinguer. - Et en même temps, je désire dézinguer les représentations qui ne me conviennent pas/les gens qui ne pensent pas la même psychanalyse que moi. Oui tout comme j’anime dans mon rêve les gens qui viennent faire effraction à la chapelle en frappant sur ses murs j’ai un sentiment/ une idée de violence à l’égard de celles et ceux qui ne pensent pas comme moi. (suis pas fière de cette idée hein mais elle est là donc difficile de la passer à l’as: ça serait de la censure)
Mon analyse au secours d’un continuum d’échange entre deux bulles
Mon
analyse ajouté à l’accueil de voltigeuse de la facilitatrice des temps
d’échanges avec le monde universitaire me permettent aujourd’hui de
sentir un apaisement grandissant.
Là où les premiers échanges m’ont laissés des nœuds au ventre, les suivants ont ouvert un pas de côté.
L’idée que l’autre cherchait à me convaincre de la véracité de ses
propos est revenu à son état d’idée et non d’une réalité qui n’en était
pas une.
Mon plaisir à les entendre a grandi, et mon idée de vouloir convaincre à
tout prix, elle aussi est revenu à son état d’idée et non à des
passages à l’acte de tentative de
Me voici encore une fois, confrontée à la notion des bulles/corps/famille:
- ou comment rester en vie en tant que Sujet, penser ce que je pense, tout en laissant l’autre en vie et inversement?
- ou comment naitre en tant que Sujet à par entière, différent des autres et notamment de la matrice qui m’a moulé?
Ces questions n’échappent pas à l’effet de collage que j’ai étudié plus haut. Par soucis de facilitation de lecture et d’en conclure avec la question “des structures” qui m’occupe je ne réitèrerais pas la démonstration.
Naitre en tant que Sujet me pousse à me différentier des autres. Je ne peux être un bout de ma mère pour être moi.
Pour être moi pas d’autre chemin praticable!
Mais pour de vrai je ne suis pas obligée de me séparer d’eux, au point de ne plus leur parler.
Le surmoi corolaire de mon désir sexuel pour mes parents
Donc, vous l’aurez compris, pour moi: œdipe reste et le surmoi aussi. Ils cohabitent
Voici
une définition du dictionnaire pour le mot inceste: désigne une union
charnelle, sexuelle illicite entre parents à un degré pour lequel le
mariage est interdit. Par exemple, la relation sexuelle entre un parent
et son enfant est un inceste, ainsi qu’entre un frère et une sœur.
Pour moi le mot inceste est en lien avec le désir sexuel pour un parent.
Dans mon écrit lorsque je parle du mot d’inceste j’ai toujours en tête
le lien étroit entre complexe d’œdipe et inceste.
La structure de l’idée d’inceste que je vois se dégager est celle d’une idée de ménage à trois (parent1, parent2, enfant), avec l’idée à la fois:
- d’un désir sexuel pour l’un des parents (ça marche aussi avec la génération en dessous)
- d’un désir de ne pas le désirer sexuellement parce que ça serait faire mal à l’autre parent ou encore le mettre en colère.
L’idée de faire mal à l’autre parent est pénible:
- parce qu’il y a aussi le même désir sexuel pour lui (donc pas vraiment envie de lui faire du mal, au contraire)
- et puis, l’idée que l’autre parent puisse se mettre en colère implique un risque, celui qu’il se rebiffe contre l’enfant.
L’hypothèse que pour le petit faire mal à l’autre parent est pénible, je l’ai construite à partir de ce que j’ai trouvé dans:
- mes rêves (je vous y renvoie pour lecture) et mes analyses
- dans ceux qui ont bien voulu me les raconter (mes analysants ou autres Sujets les publiant)
- et dans des grandes histoires ayant grand succès dans le monde, comme la légende du roi singe ou encore celle du roi Arthur (il y en a encore bien d’autres). Oui si elles touchent autant de gens, c’est bien que ça parle d’un truc commun que nous avons tous.
L’analyse de ma pratique m’amène encore à une hypothèse: l’idée de déplaire à l’un des parents engendre presque immédiatement pour le petit une autre idée, celle que le parent censé être blessé pourrait lui faire du mal en vengeance de l’idée de désir sexuel pour son autre parent.
Cette idée de vengeance est vu par le petit comme une explication de la différence entre les sexes.
J’ai retrouvé l’idée dans mes rêves que ma mère était à l’origine de ma
perte de zizi, oui parce que j’ai aussi l’idée récurrente dans mes rêves
d’avoir perdu mon zizi et de passer mon temps à courir après.
Coté garçon j’ai entendu le témoignage que pour eux c’est le risque de
le perdre qui est mis en représentation dans leur inconscient.
Bien sur il y a tout un panel d’expression de ce que je vais nommer ici castration.
Il ressemble à quoi le surmoi?
Le surmoi est personnifié dans mes rêves par une double représentation:
- en acte (moi qui met en scène un empêchement à la réalisation de l’œdipe: me tas de sable)
- et une représentation qui parle, personnifié (soldat, flic, inspecteur, voix comme Bruno…) tout ce qui représente la conscience morale qui empêche la réalisation du complexe l’œdipe.
En vie de veille, je n’ai pas/plus besoin de me protéger derrière des “non non je désire pas mes enfants ou mes parents.” Je dis ça parce que justement au début, quand j’ai lu la théorie psychanalytique je me disais “ouaou mais comment ils savent ça?”, “genre les gars assènes ça comme une vérité … je suis comme ça moi? comment pourraient-ils savoir sur moi un truc que je sais pas moi même?”
Puis
j’ai commencé ma psychanalyse, et là j’y ai trouvé ces idées dégueulasses, si dégueulasses que les premières fois, j’ai eu comme une
odeur de merde dans la bouche. Jusqu’à ce que je comprenne pour de vrai,
pas en théorie, que le mot n’est pas la chose.
C’est à force d’analyser mes rêves, autrement dit de confronter la
théorie avec le laboratoire de mon inconscient que j’ai pu vérifier ce
que la théorie pouvait dire de la psyché humaine (au moins de la
mienne).
Je fais l’hypothèse que pour ceux qui disent:
- “chez moi y a pas ça”
- ou encore pour ceux qui en arrive à de véritable invective contre la psychanalyse,
c’est une résultante de l’effet “je veux ne pas voir, ne rien savoir de cette idée terriblement dégueulasse”
Oui même s’ils ne veulent pas voir, ça les touches parce que justement c’est un élément constitutif de l’être humain. Ils pourraient passer à côté et ne pas venir me dire que j’ai tord de penser ce que je pense, ou encore venir argumenter leur position en écoutant les miennes… mais non c’est parfois beaucoup plus épidermique et violent.
Je me garde le droit de parler de cet œdipe et de permettre à ceux qui en souffre d’en parler aussi. Oui parce que c’est en en parlant, qu’ils peuvent se dégager non pas du complexe d’œdipe et de ce désir mais plutôt de la souffrance associée. Parce que cette souffrance elle vient du refoulement, qui est nécessaire. Cependant, comme je le disais plus haut, il est important de dissocier refoulement et confusion entre le mot et la chose/ entre l’imaginaire et la réalité.
Le diagnostic ou surmoi personnifié
Les diagnostics contribuent pour moi à la mise à distance de ce que l’on ne veut pas voir. Ils viennent en personnification du surmoi dans la réalité de vie de veille. ça mets à distance, l’autre, le désir, tout ce qui est lié de près ou de loin à la question de l’œdipe et de la castration.
Les diagnostics sont venus me faire croire que je reprenais de la maitrise sur mon désir pour l’autre en faisant de cet autre Sujet, l’objet d’une investigation. Quand je parle d’investigation, je parle d’investigation médico-social, psychanalytique, psychiatrique…
A
mes débuts en tant que travailleur sociale, j’ai adoré les réunions
cliniques, j’ai pris un savoureux plaisir à apprendre tous ces termes
médicaux pour classer les gens que je rencontrais. C’était d’autant plus
chouette que ça me donnait des lignes de conduites à tenir. Pour tel
type de gens, plutôt tel ou tel dispositif, tel ou tel comportement à
adopter.
Ainsi ce n’est pas moi qui portait la responsabilité de la relation qui
me reliait à cet autre qui m’était confié à l’accompagnement: c’était la
grille de lecture entre moi et eux.
Or en faisant tous ça je n’ai pas pensé à m’occuper de ce que ça me faisait à moi.
C’est quand un jour une personne dite psychotique a déclenché à nouveau des voix parce qu’en bonne assistante sociale j’avais fait faire le ménage chez lui. J’ai été touchée grave, je me suis arrêté sur moi. J’ai eu le sentiment d’avoir fait la plus grosse boulette de ma vie professionnelle, je me suis sentie perdue. Le sens de mon travail d’accompagnatrice a commencé une drôle de maïeutique. Je reformule, je me suis mise au travail, pour moi en tant que Sujet, premier pas sur un long chemin: celui de mon analyse.
à l’écoute du Sujet Christine (outil de travail principal de Christine psychanalyste):
Alors
en prenant le chemin de ma psychanalyse, après bien des années, j’ai
découvert via mes rêves, que je portais dans mon inconscient des
histoires dont la structure me rappelait celle que j’ai entendu de la
bouche des personne dites psychotiques.
Un jour j’ai même demandé à un copain neurologue la différence entre mon
cerveau qui rêve et le cerveau d’une personne qui voit ou entendu une
hallucination. L’image à l’IRM est identique, par contre, différence de
taille, moi je dors, l’autre non.
En écoutant ma voix sur le dictaphone, j’y entendais le débit de voix
d’outre tombe de certaines personnes dites psychotiques qui me
racontaient ce qu’ils étaient en train de voir ou entendre.
Alors je me suis demandé pourquoi? pourquoi là ou je pensais être différente de ceux qualifié de psychotique, je retrouvais une structure commune entre mes dires et les leurs. Ce constat est venu à la suite d’un constat précédent: lors de ma carrière de travailleur social, j’ai assisté à bon nombres de réunions où l’on parlait de la personne qui nous était confié à l’accompagnement en dehors de leur présence. Souvent, il y avait des discussions à n’en plus finir entre professionnels, sur ce que cet autre faisait ou faisait pas, était ou était pas:
- “pré-décrocheur scolaire”
- “décrocheur scolaire”
- “psychotique”
- “névrosé”
- “bipolaire”…
Au final c’est le sachant qui était sensé maitriser le mieux la grille d’évaluation, qui venait déterminer le diagnostic social ou médical. Et lors d’un changement de personnel, j’ai également observé très souvent un changement de diagnostic.
Ce matériel issu de ma pratique en poche, j’ai émis l’hypothèse suivante: il y a une structure, celle de l’humain. Elle tient en deux mots: œdipe et castration. Les autres modalités, nous pouvons passer de l’une à l’autre et ça n’a aucune importance.
Là
je commence à avoir les miquettes/la trouille de vous parler de ce que
je pense… cf ma trouille des guerres de chapelle. Alors j’ai une grosse
envie de vous dire: je ne suis pas la seule, y a un autre psychanalyste
qui pense comme moi. Bon il est mort certes, mais quand même je ne suis
pas seule. Voila ma porte ouverte au recours à la théorie, comme pour me
rattraper au bord de la piscine, comme si le risque à nager toute seule
était trop grand, celui de tomber au fond. Un peu comme ce zizi
imaginaire que je m’imagine avoir perdu.
J’associe ici à la fin de l’analyse de mon rêve que je vous ai conté toute à l’heure:
Un zizi présent ou absent, une différence comme point de repère de mon origine et source de mon doute
Dans
mon rêve, j’ai un téléphone, un peu petit mais il fonctionne très bien.
Ici ça me fait dire que je me représente avec un zizi (je me fais
plaisir à l’égo). Je sais bien que pour de vrai je n’ai pas de zizi hein
et pourtant là dans mon rêve je m’en muni d’un. Oui pour de faux, dans
mon imaginaire, j’aurais vraiment beaucoup aimé en avoir un.
En vie de veille, ces derniers temps, je m’assume beaucoup plus notamment au point de vue professionnel. Le zizi que je m’attribue est une métaphore de ma compétence en psychanalyse.
Dans mon rêve j’ai l’idée qu’il y en a un mieux que j’ai perdu: dans la maison ou la chapelle/ le ventre de ma mère, je doute.
Le doute me fait de suite penser à mon doute dans la discipline
psychanalyse. Je suis compétente mais quand même y a surement mieux,
surement un autre qui a un plus gros zizi niveau psychanalyse que moi.
Voici le point d’origine de mon irrépréhensible envie de me référer à un
autre lors de l’écriture de cet article.
Le personnage de ma mère semble savoir quoi faire, elle sollicite la responsable des messes, une autre qui saura dire où est le téléphone, qui saura lever le doute. Mon rêve met alors en scène l’incapacité de ces autres sensées savoir où est mon gros téléphone: elles ne lèveront pas le doute. Je met en scène à la fois:
- mon désir qu’un autre sache pour moi
- mon désir qu’un autre ne sache pas pour moi
La boucle est bouclée lorsque ma mère sort son téléphone et dit “pour une fois que c’est pas moi qui ai égarée mon téléphone” Je dis que la boucle est bouclée dans la mesure où m’identifiant à ma mère: moi aussi je parviens à cette image/représentation de moi ou rien ne manque… pour un temps, celui du rêve.
Dans le rêve je doute d’avoir laissé mon téléphone à la maison ou dans la chapelle, et c’est ma mère que j’anime en train de tenter de me soutenir pour le retrouver. Ma mère est ici une métaphore de mon ami psychanalyste sensé venir soulager mon doute, mon surmoi dans sa fonction rassurante.
Diagnostics versus le Sujet
Afin de prolonger ma recherche, je suis allée chercher la définition de diagnostic dans un bon vieux dictionnaire.
Diagnostic: dia(à travers) gnostic(le savoir)
- Temps de l’acte médical permettant d’identifier la nature et la cause de l’affection dont un patient est atteint.
- Identification de la nature d’une situation, d’un mal, d’une difficulté, etc., par l’interprétation de signes extérieurs : Diagnostic d’une panne de moteur.
- Ensemble de mesures, de contrôles faits pour déterminer ou vérifier les caractéristiques techniques d’un système à des fins de maintenance ou d’amélioration. (Exemple : diagnostic d’un véhicule, diagnostic thermique d’un bâtiment.)
Lorsque je
suis dans le champs de la psychanalyse, je ne suis pas dans le champ du
médical: je sais que je ne sais pas sur l’autre que j’écoute. D’ailleurs
ce n’est pas parce que je pense que castration et œdipe sont la
structure que je vais tout ramener à la théorie. J’écoute le Sujet parce
qu’il m’intéresse, parce que j’éprouve quelque chose pour lui. D’où
l’utilité vitale de continuer à m’analyser moi même.
Je pense que ramener ce que l’on entend de la parole d’un Sujet à une
grille déterminant le diagnostic ce n’est pas du champs de la discipline
qui tend à comprendre le Sujet être humain: la psychanalyse.
Je redis ici comment je suis heureuse et reconnaissante à la médecine
qui à travers le savoir est en capacité de soigner des cœurs ou encore
des nerfs plus fin qu’un cheveu.
Pour en revenir à la question de la psyché, je prend l’exemple des voix:
critères déterminant du diagnostic de psychose. et bien justement la
conscience morale c’est une petite voix, comme un Bruno dans la tête.
Cette conscience morale, ce Jimminy cricket nous le portons tous: c’est le Surmoi
Lorsque le pour de faux et le pour de vrai se confondent/ se colle ça
devient parfois douloureux, et sans que le Sujet ne sache pourquoi. Pour
le Sujet qui souffre, parler de ce qui le traverse lui permet par
l’association libre de mieux comprendre ce qui lui arrive. C’est le fait
de parler et être entendu par un autre Sujet qui lui permettra de
mettre du vide entre le mot et la chose.
Je fais l’hypothèse quand à moi que le problème des dits psychotiques se situe dans le fait qu'ils ne peuvent supporter les représentations d’œdipe et castration
à l’intérieur, ils les projettent à l’extérieur. Ce que quelqu’un ne
peux pas supporter comme représentation à l’intérieur il le projet à
l’extérieur et ça revient sous forme d’hallucination.
Ce qui revient aux oreilles ou aux yeux des personnes dites psychotiques
ayant des hallucinations, se sont des paroles parfaitement symbolisé,
ou encore des images, rien de forclos du symbolique, bien au contraire
c’est des représentations. Lorsqu’il y a représentation c’est justement
que c’est symbolisé.
Tous ça pour dire que tout le monde est coupé en deux,
- dissocié pour le champ de la médecine
- clivé pour le champ de la psychanalyse
Je pense que la psyché est composé du ça, du surmoi et du moi (espèce de composition entre ça et surmoi). Et là c’est pas fixe, ça se bagarre rudement entre ça et surmoi, parfois c’est plutôt la paix.
Je rappelle que les voix du dit psychotique elles sont le témoin de tout ce qui est rejeté:
- aussi bien le ça: mon désir de rentrer dans le ventre de ma mère, mon désir sexuel pour mon père
- que le surmoi: que le désir de ne pas y remonter et faire intervenir mon tas de sable, véritable barrière à ma remontée utérine.
Ces voix peuvent être la représentation du ça et/ou du surmoi… y a pas de recette, il y a à écouter chaque Sujet.
De l’importance de l’outil de mesure à la Subjectivité du chercheur
La science explique comment l’outil qui permet la mesure modifie le résultat de la mesure en lui même: exemple du rayon de lumière qui est à la fois une particule et à la fois une onde, tout dépend de l’outil de mesure choisi.
C’est
une métaphore bien sur, d’autant que là c’est pas d’un outils (objet)
dont on parle, mais de comment un Sujet devient chercheur au laboratoire
de l’inconscient.
Préalable méthodologique, lorsque je parle d’aller au laboratoire de la
pratique, je parle du laboratoire de la pratique de moi en tant que
Sujet, autrement dit je parle de mon inconscient et de comment il traite
ce qui se passe dans ma vie de veille.
Lorsque le chercheur part du postulat qu’il y a une structure: “celle de l’humain”, il ne trouvera pas la même chose que celui qui part du postulat qu’il y a “des structures”.
Le second chercheur va tendre à trouver ce qui fait différence entre une
structure et une autre: par exemple ce qui fait différence entre
névrose et psychose. Le premier va tendre à chercher de nouveaux
éléments de compréhension sur la structure de la psyché humaine.
Comme je l’ai étayé dans cet article, l’état de mes recherches me fait dire aujourd’hui qu’il n’y a pas “plusieurs” mais “une” structure, celle de l’humain. Alors pour moi le scientifique qui part du postulat qu’il y en a plusieurs, part sur un postulat erroné. Malgré sa méthodologie scientifique, la suite de ses travaux est à mon sens non valide.
La
normalité est partout, celle de l’être humain. Après dans les modalités
d’expression de ce qui se passe dans l’inconscient, là ça devient
propre à chacun. On ne peut même pas comparer les psychoses, certains
vont plutôt entendre la voix du ça “va coucher avec ta mère” et d’autre plutôt le surmoi “tu es un salopard, tu fais pas bien” ça peut aussi se mélanger.
Ce qui est à entendre c’est comment ça c’est mis en place dans la vie du
Sujet/pour le Sujet. Savoir que c’est de la psychose ou de la névrose
ben je trouve que ça sert à rien, sauf à mettre une grille qui vient empêcher l’écoute du Sujet justement.
Pour conclure mon propos
Lorsqu’un
type entend “va tuer ta mère”, ça a une valeur de réalité parce qu’il
entend la voix comme une sonorité. Il prend des mots dans sa tête pour
une chose dans la réalité, c’est à dire une vibration du son. Mais
prendre des mots pour des choses ça arrive à tout le monde, c’est
justement ce dont je vous ai parlé dans mon rêve. Mais moi c’est à
l’intérieur, lui ça revient du dehors. La confusion entre le mot et la
chose, autrement dit quand la métaphore ne marche pas ça arrive aussi à
tous le monde (moi y compris)
La psychose c’est prendre des mot pour des choses: tout le monde à de la
psychose et c’est fluctuant, plus ou moins fort selon les gens, le
temps… ce qui importe n’est pas d’identifier ni de quantifier, mais
écouter le Sujet dans comment il navigue entre les différents états qui
le traverse. C’est les modalités de l’histoire du Sujet qui compte:
jamais sa structure.
Souvent les gens se disent eux même état limite, haut potentiel intellectuel… : ça leur plait bien de se retrouver dans une étiquette. Quand le Sujet a du mal avec son identité, il trouve toujours secours à être identifié à des autres. C’est vrai quand on rentre dans un partie, une école, une religion, c’est du même ordre. Se retrouver dans les différentes collectivité auxquelles j’ai appartenu, ça m’a aidée en tant que Sujet qui avait du mal à se définir par lui même avec mon nom, mon prénom et mon histoire… Pour ceux que ça intéresse voici un de mes rêves qui traitent justement de cette thématique
Lorsque j’exerce ma fonction de psychanalyste, en tant que Sujet, je fais confiance aux Sujets que j’écoute et je leur confie ce travail de s’analyser eux même. Je suis là pour les aider, je fais pas à leur place et je tente de jamais les devancer sur leur chemin. Pour cela je n’ai pas besoin de diagnostic.
C'est justement parce que je sais où moi j'en suis par rapport à la question des diagnostics que je peux d'autant mieux écouter celui qui m'en parle. Lorsqu'un analysant me parle du diagnostic d'autres leurs ont donné, ou bien encore qu'ils sont allés chercher, ça m'intéresse. Je ne suis pas dans son corps, j'ai pas vécu son histoire, je ne ressens pas ce qu'il ressens: j'ai besoin qu'il me raconte son histoire. Les diagnostics existent, que j'en ai besoin ou pas ils sont donnés par les accompagnants du champ de la médecine. Plusieurs des gens que j'écoute s'en sont vu attribuer: faire comme si ça n'existait pas reviendrai pour moi à ne pas écouter ce que le Sujet qui me parle est en train de me dire et à nier une part de la réalité commune que nous vivons aujourd'hui.
Une des clés de l'écoute psychanalytique tient pour moins à croire dans la parole de l'analysant. Croire ne veut pas dire que je crois au diagnostic: je crois que le Sujet que j'écoute lui il y crois. Dire à une personne qui entend des voix: "tu délires il n'y a pas de voix dehors" n'a jamais permis à mon sens d'écouter le Sujet dans ce qu'il a justement à en dire. Je peux écouter ce que cet autre dit sur son diagnostic sans pour autant penser que le diagnostic soit valide dans le champ de la psychanalyse.
Alors je le questionne: "et vous vous en pensez quoi? ça représente quoi dans votre quotidien? comment ça se présente ces troubles dont vous parlez et dont le médecin vous a donné un nom?..."
A la fois je n'ai pas besoin de diagnostic pour écouter et à la fois j'écoute l'analysant dans ce qu'il a à en dire.
Christine Dornier | Psychanalyste | Besançon