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Directives anticipées – de la fille moi même

les paroles d'un Sujet

Ce qui m’a conduite à écrire mes directives

En septembre 2023, je terminais mes traitements de chimiothérapie pour un cancer du sein de stade 2. J’apprenais alors que la deuxième opération de mon sein laissait encore des marges insuffisantes pour passer à la radiothérapie — marges insuffisantes, comprenez : il reste encore des cellules cancéreuses trop proches du bord. De plus, on a trouvé des cellules précancéreuses. Une troisième opération plus tard, je pouvais enfin commencer le marathon de la radiothérapie et finir mes 33 séances le 15 janvier 2025.

Outre l’effet « date de péremption » qui fait réfléchir encore un peu plus à l’évanescence d’une vie — la psychanalyse m’avait déjà portée sur ce chemin —, c’est une année de rencontres, de pleurs, de rires, de vie en somme.

Ce qui m’a aussi poussée à écrire, au-delà du cancer, c’est cette aventure surréaliste : une réaction toxique à la chimio qui m’a fait passer par la fenêtre de mon domicile — avec les pompiers et leur grande échelle, car à Battant les portes sont petites et le frigo américain était déjà passé par la fenêtre. Oui ça a fait rire l’homme qui partage ma couche. Finalement, ce fut la meilleure solution pour m’emmener au CHRU après une belle crise d’épilepsie. Dans le camion, à trois minutes de ce qu’ils appellent la SAUV, ce qui a ressemblé à un arrêt cardio-respiratoire a fait que les pompiers m’ont prodigué un massage cardiaque. Je reprendrai finalement respiration à l’arrivée et je passerai deux jours en réanimation.

Je n’oublierai jamais la chaleur humaine et le professionnalisme du personnel du CHRU et de la réanimation : vous avez été ma barque sur le torrent, mes mains tendues au-delà du protocole. Merci pour votre présence, votre savoir-faire et votre humanité. Reste qu’en matière d’outils de traitement de l’information, je ne démords pas : il y a encore de vrais progrès à faire. Mais passons ceci est uen autre histoire.

Et ce mois de septembre 2023, j’ai écrit les lignes ci-dessous en pleurant à chaudes larmes. Peut-être que les larmes, finalement, je les aime autant parce qu’elles viennent du dedans et que leur chaleur sur l’extérieur de mon corps me rappelle que je suis en vie, justement.

Extrait de mes Directives anticipées

Nom : DORNIER Christine Monique Marcel

Date de naissance : 04/05/1983 (Pontarlier)

Adresse : rue Battant, 25000 Besançon

Présentation personnelle

Bonjour cher lecteur,

Pour me présenter, je suis Christine Dornier épouse Jeudy. Je garde mon nom de jeune fille le temps des soins liés à la lutte contre la récidive de mon cancer du sein diagnostiqué en mars 2023.

Oui, il m’est apparu que la gestion des données au sein de l’Hôpital se cherche encore. Si vous avez un jour l’envie de mettre en place des solutions qui simplifient la vie à l’ensemble du personnel qui œuvre à prendre soin des gens qui passent la porte du CHRU, je vous invite à contacter le tiers-lieu Le 97 : https://le97.fttl.fr/. Vous y trouverez à n’en pas douter de belles ressources.

Une fois le point final de mes traitements liés au cancer, j’arborerai avec bonheur le nom de Jeudy sur ma carte d’identité.

Si l’envie vous prend de me connaître encore un peu plus, je vous invite à aller consulter mes écrits sur : https://christine.alusage.fr/blog.

L’avantage d’aller lire là-bas : j’y fais la mise à jour régulièrement.

Personne de confiance

Mon mari Nicolas Jeudy connaît mon positionnement quant à ce qu’il y aurait à faire dans le cas où je ne sois plus en position de parler de moi, avant ma mort et après. Il est suffisamment cabochard pour ne pas mélanger ses propres sentiments aux miens. Il est le seul à pouvoir me laisser partir si un jour le cas devait se produire. Je vais détailler plus bas mes directives médicales, juste parce que la loi me le demande. Pour moi : sa propre parole aurait largement suffi.

Mon bénéfice/risque

En résumé, mon bénéfice/risque à moi, ce n’est pas juste : « mon corps est en vie ou pas ».

Mon bénéfice/risque, c’est de vivre jusqu’à la fin de ma vie.

Vivre, c’est désirer et pour ce faire je dois pouvoir garder accès à ce que je suis en tant que Sujet.

Mon texte le plus récent qui en parle, c’est celui-ci : Seule au milieu de tous

Message aux soignants

Merci de m’avoir lue et j’ai une grosse pensée pour vous, chers soignants.

Je vous souhaite une vie belle et bien remplie. La mienne l’aura été en tout point.
Je vous souhaite aussi d’avoir des temps, des lieux pour parler de vous, de ce que ça vous fait d’accompagner ainsi à la vie, à la mort tout un tas d’êtres humains : parce que ce n’est pas rien.

Moi en tout cas ça m’a fait quelque chose, et d’en parler ça m’a permis à la fois :

  • de me sentir bien avec ça
  • et de ne pas projeter sur les gens qui m’ont été confiés à l’accompagnement mes propres angoisses, ma propre histoire.

Fait à Besançon, le 08/09/2023

Un échange sur le grand réseau bleu:
Besançon: Que font les SDS quand il pleut après 14h ?