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Une représentation: mais c’est quoi au fait?

C’est d’abord les organes des sens qui perçoivent

  • vue
  • ouïe
  • toucher
  • gout
  • odorat

La perception est calibrée sur un spectre et sur des ondes spécifiques, liées à la capacité de réception des organes des sens.
Ensuite ça s’inscrit dans la mémoire sous forme de traces perceptives. Ce qui a été perçu par les organes des sens est inscrit comme une masse de traces de perceptions. Dis autrement les traces perceptives sont illisibles. Je fais le choix d’appeler ces traces perceptives Réel.
Ces traces subissent alors un encodage par le symbolique: nait alors la représentation.

La représentation est une représentation subjective: elle diffère d’un Sujet à l’autre. Elle est différente de la chose qu’elle représente. Nait ici la conscience.

C’est donc avec les perceptions et les représentations que nous construisons ce qui s’appelle la réalité. La réalité décrite par un être humain est donc:

  • subjective
  • différente de la réalité des choses en tant que telle

Le sentiment/ l’affect découpe cette masse de perceptions: l'affect est le symbolique en tant que tel.

J’ai eu le bonheur de travailler avec Jean-Claude pendant près d’une année. J’en ai retenu cet échange qui me vient aujourd’hui:

  • le gars me dit: “Christine, réfléchit, de quoi tu te souviens dans la vie?”
  • moi de répondre “ben des trucs qui m’ont marqués: triste ou joyeux, c’était toujours des moments spéciaux pour moi”
  • Lui de conclure " ben voila ce qui marque la mémoire d’un être humain c’est un truc qui lui a fait quelque chose, un sentiment agréable ou non."

Ce qui me marque, ce qui me troue, ce qui me reste en mémoire sont des images/ des représentations de mon passé, c'est ce qui parce que j’ai été touchée dans mes sentiments, se détachent d’un ensemble plus compact dont je ne me souviens pas.

Dans le je ne me souviens pas, me vient deux choses:

  • le souvenir n’existe pas, il n’y a pas de représentation au sens ou la masse de mes perceptions de l’époque n’est pas passé sous la lame du symbolique. La masse perceptive n’a pas été découpée pour former une image. Je n’ai pas ressenti de sentiment qui a fait émerger une représentation de la masse compacte de mes perceptions.
  • le souvenir n’est plus accessible, l’image/ la représentation est cachée dans les tréfonds de mon inconscient parce que vu comme désagréable. Oui j’ai tendance à oublier les choses qui m’ont procurée du déplaisir, voir de l’horreur: j’ai plus envie de le voir chez moi: c’est l’effet de censure/ de refoulement/ de déni

Dans les deux cas, c’est mes sentiments qui expliquent:

  • la découpe dans la masse de mes perceptions: c’est parce que j’éprouve un sentiment que je détache une image d’une passe compact de perception
  • l’accessibilité / la non accessibilité d’un souvenir, d’une image, d’une représentation: c’est parce que j’éprouve un sentiment que l’image / la représentation est accessible à mon conscient ou pas.

Ces deux mécanismes bien que sensiblement identiques sont pourtant bien différent.

  • Pour le premier il s’agit du constat de la non production d’une image/ d’une représentation. Il n’y a pas de différence dans la masse des perceptions. Ici pas d’affect particulier

  • Pour le second il s’agit d’une conséquence de l’absence d’une représentation qu’il devrait être présente. La représentation n’est plus accessible parce que vu comme terrible: un zizi plus là ou qui pourrait ne plus être là la castration Ici les affects sont présents et peuvent prendre une ampleur incroyable, notamment l’angoisse.

La castration est le moment ou l’enfant se rend compte qu’il y a ou pas un zizi entre les cuisses de la moitié des êtres humains: qu’il y a une différence. Cette différence l’enfant se l’explique par l’idée qu’il y avait un zizi qui a été coupé.

L’absence de zizi pour de vrai est vu comme une absence de représentation du zizi là ou il devrait y en avoir un. Ca laisse un rien, un trou. J’ai trouvé dans mes rêves des scènes ou je me dis qu’il y a rien là ou il devrait y avoir quelque chose. J’ai des analysants qui témoignent de moment de vie ou le cousin, le frère, le copain vient regarder sous une jupe et dit “y a rien”

L’absence de présence du zizi pour de vrai, amène une absence de représentation du zizi là ou l’enfant en attendait imaginairement une. Ceci amène de suite une représentation de la coupe du zizi / castration, qui amène à son tour une représentation du trou.

Une sorte de là/pas-là qui me rappelle fortement le fort-da. Ce mouvement de jeter au loin l’objet pour mieux en récupérer une représentation.

Petite fille, ce là/ pas là m’a sauté aux yeux avant de sauter au fin fond de mon inconscient sous le mode: l’humanité est coupé en deux:

  • Il y a ceux pour qui il y a un truc entre les cuisses qui est pas là (coupé)

  • Il y a ceux pour qui il y a un truc entre les cuisses qui est là

Ce là pas/ là est vu comme similaire à ma maitrise du départ de l’objet dont je cherche à me récupérer une représentation. Je jette l’objet au loin pour me récupérer la représentation dans la tête: pas l’objet pour de vrai.

Cette coupure entre le mot et la chose dont je parle plus haut: le mot (champ de l’imaginaire/ du symbolique) n’est pas la chose (champ de la réalité) qu’il nomme. Ce là/ pas là vient me rappeler la coupure que j’imagine entre mes cuisses, pas de zizi / le zizi en moins: ma castration.

A la fois cette coupure:

  • est nécessaire pour fabriquer de la représentation: donc nécessaire à ma naissance en tant Sujet
  • est terrible et refoulée parce que horrible d’imaginer qu’un zizi puisse ne pas être là/ coupé/ envolé…

L’analyse c’est donc aussi parler des sentiments/ des émotions/ des affects qui sont les ciseaux appelés parfois symbolique. C’est ce que le Sujet éprouve qui lui permet de dégager une représentation d’une autre, ou bien encore de la masse perceptive inscrite dans son cerveau.

Le processus d’analyse conduit par son essence même le Sujet:

  • à identifier la coupure/ la différence entre la réalité où mon zizi est plus là et mon imaginaire où il est encore présent.
  • à identifier la coupure/ la différence entre l’idée d’être un morceau/ une marionnette de mon créateur et l’idée d’être moi à par entière, justement coupé de celui qui m’a créé.

C’est en parlant de moi que je fais de la psychanalyse: ma psychanalyse. Je me mets au monde en tant que Sujet à part entière, faite de tout ce que je viens de parler: rien ne se gomme, tout reste. J’ai du vivre ce chemin de psychanalyse dans ma chair pour en comprendre l’entièreté de la chose, et j’ai pas fini. C’est ce chemin qui me permet de repérer les mouvements de mon inconscient. Plus je les voient, plus je les repère, plus je différenties la réalité de mon imaginaire, plus je m’apaise en vie de veille

Christine Dornier | Psychanalyste | Besançon

Créature versus Créateur
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