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Un rêve de transfert: mais qu'est ce que j'éprouve pour mes analysants?

Le rêve

Par deux fois j’arrive à une place de parking. Puis je sais que je dois entrer chercher des documents précieux dans une cave. C’est le ministère de l’économie ou alors la police. Je descends et là j’entends du bruit. La première fois je rencontre un gars qui bosse ici, il m’emmène avec son gros jeu de clé. Là avec une seule il ouvre 10 serrures sur une même porte. Certaines sont droites, d’autres à l’horizontal. Me voici dans la place. La seconde fois je suis en train de descendre du bruit et là je découvre une fille caché sous des vêtements rangé sur des cintres. Elle rejoint un homme. Alors je monte voir ce risque potentiel pour ma mission. Ma voix prend ce ton de crécelle que je ne connais pas. J’ai des chaussures à talons rouges. Je fini par les dégommer.
Voici que je suis dans une maison de campagne à la montagne. L’envie me prend de déboucher le siphon de la cuisine qui est complètement bouché. Le système est celui du 97. En me penchant je me rend compte que la partie basse du siphon est manquante. Je me dis qu’heureusement que la partie haute garde l’eau. Sinon nous aurions eu une inondation. Nicolas arrive et là j’entends me dire que je m’y prends mal. Au même moment le bac que j’ai pris pour vider le siphon est plein, ça déborde. Pour gagner de la place je choisi de retirer l’ensemble des cheveux qui bloquent. Je retire une masse énorme, quasiment une bassine. Au milieu un peu de spaghetti coincé. Pour ne pas jeter ce précieux apport de carbone je décide de sortir le déposer dans les pots de fleurs sur la terrasse. A ma grande surprise ils ont disparus, alors je descends pour pailler les arbres. L’eau coule de la masse de cheveux informe que j’ai dans les mains. Dehors que des couples. Ils ont l’air de s’engueuler pour de faux. Genre le dernier que je vous tiens le discours suivant : “allé chérie on avait dit que je pourrais faire du Odoo tu peux pas me l’interdire”

La cave imprenable ou l’interdit d’accéder à mes dossiers

La mission de mon rêve est une métaphore de la psychanalyse: aller chercher de précieux dossiers dans des salles fermées à doubles tours au fin fond de mon inconscient. Avant de parvenir à retrouver ces dossiers/représentations, il faut d’abord déjouer les techniques de la censure (refoulement/déni), celles qui viennent permettre de garder caché, sous clé des représentations vues comme interdites.
Dans mon rêve, la scène du ministère de la police (représentation de ce qui interdit) ou de l’économie (représentation de l’économie que je peux faire à ne pas voir, ou bien encore au passage à la caisse pour payer ma dette: celle d’avoir eu des pensées interdites) permet la mise en représentation de l’effet de censure.
Il prend dans un premier temps l’image d’une porte muni de serrures puis dans un second temps de la fille cachée sous les rangés de vêtements et l’homme qu’elle va rejoindre.
Le rêve met en scène deux moyens de contourner cet empêchement à voir ce qui est contenu dans les dossiers secrets cachés dans mon inconscient:

  • le premier consiste à trouver un homme ayant les clés de la porte qui empêche l’entrée: autrement dit un homme ayant un zizi à mettre dans les trous de la serrure quoi. Le rêve pousse le soucis du détail jusqu’au nombre de serrures, 10: exactement le nombre de trous que je compte à la surface de mon corps.
  • Le second consiste à mettre la pâtée à ce couple empêcheur de tourner en rond: couple représentant mes parents comme reliquat de tous les interdits infantiles dont ils ont été les auteurs, en commençant bien heureusement par celui de l’inceste.

Le fait de vous raconter mon rêve et son analyse vient au service de ma lutte contre cette censure. Une lutte contre la censure qui m’empêche de voir ces idées que je porte et non contre la censure du passage à l’acte.

Mais censure autour de quel interdit au fait?

Et bien, la première chose qui me vient est l’interdit de l’inceste: mélange de la clé dans les serrures, au couple avec qui je rentre physiquement en contact. Avec l’analyse, je me rend compte que j’ai accolé l’interdit du passage à l’acte à l’interdit d’avoir l’idée, ce qui a conduit mon inconscient à reléguer les idées interdites au plus profond de moi pour ne plus y avoir accès. Or pour de vrai ce qui est interdit c’est le passage à l’acte d’inceste, pas le fait d’avoir l’idée de.
Pour clarifier davantage, l’idée d’inceste/l’idée interdite elle est à la fois vue par mon inconscient:

  • comme un désir auquel je souhaite accéder donc désir à réaliser (pas pour de vrai hein le pour de vrai est interdit)
  • comme un désir d’interdit/ désir que ça ne se réalise pas.

Ce sont ces deux facettes de la même idée d’inceste qui est contenu dans ces pièces inaccessible du fond de mon inconscient. Et ces idées sont fondamentalement différentes du passage à l’acte. Pour les idées ça cause du champs de l’imaginaire et pour le passage à l’acte ça cause du champs de la réalité.

J’ai commencé mon analyse, parce qu’en vie de veille j’éprouvais des difficultés récurrentes dans des domaines de ma vie, sans savoir, sans comprendre d’où ça venait avec la désagréable sensation de ne pas pouvoir tenir le volant de ma propre voiture(moi). Aujourd’hui je peux dire que le fait d’avoir remis au jour ces idées par mon travail psychanalytique m’a apporté en effet secondaire un apaisement certain dans mon quotidien. Avec mon analyse j’ai tué l’illusion que mon imaginaire était la réalité. A noter que la chose est mouvante, parfois encore je ressens en vie de veille ces incursions de mon inconscient, mais c’est beaucoup moins douloureux et ça dur bien moins longtemps.

Et le rapport avec aujourd’hui?

Deux indices me conduisent à penser aux analysants que j’écoute:

  • la répétition de la première scène: le deux scènes pour le prix d’une,
  • ainsi que les cheveux que je retrouve dans le siphon

La puce est venue gratter à mon oreille parce que ces dernières semaines, plusieurs d’entre eux ont abordé ces thématiques lors de leurs séances. Alors après leur avoir demandé leur accord me voici à vous compter ce qui m’intéresse, à savoir mon histoire et non la leur. J’ai demandé leur autorisation parce que j’avais besoin de vous donner des éléments de contexte pour comprendre ce qui se passe pour moi. Or ces éléments de contexte font parti de ce qu’ils ont dit. Alors par respect pour les Sujets qu’ils sont, je leur ai demandé un à un.
Les lignes qui vont suivre parle donc de moi dans ce que ma relation à mes analysants met en mouvement dans mon inconscient: ici le rêve pose le décors: un rêve où ça parle de mon désir (transfert) pour eux.

La maison de campagne de mon rêve n’est toujours pas un lieu qui serait à moi:

  • encore une ruse de la censure? genre c’est pas moi c’est l’autre?
  • ou bien l’idée qu’ici je parle de la maison d’un autre? autrement dit que je parle de l’inconscient d’un autre: celui d’un ou de plusieurs analysants?

peut être bien les deux.

La représentation de l’effet de censure je peux donc l’entendre comme moyen de ne pas voir ce qu’il y a chez moi et en même temps comme un interdit d’aller chercher moi même des dossiers secrets dans l’inconscient d’un autre.

De mon désir d’intervention dans les tuyauteries d’un autre

Je me mets en scène ayant envie de déboucher le siphon d’une maison. A la fois je pense:

  • à une représentation de ma tuyauterie
  • à une représentation de la tuyauterie de mes analysants. comme je vous l’ai conté plus haut, les cheveux m’ont fait pensé à mes analysants, donc je pense à la tuyauterie de mes analysants.

Le culot de récupération du siphon n’est pas en place, laissant ce qui devrait être bouché ouvert aux quatre vents, rappel délicat de la/ma castration.

C’est d’ailleurs par cette ouverture que j’y glisse les doigts pour retirer les cheveux et les spaghettis: représentations de zizis dans le tuyau. Il s’agit ici d’une représentation d’un acte sexuel conclu par l’idée de mouille: les zizis qui sortent du trou dégouline de liquide (sécrétion vaginale ou encore liquide amniotique pourquoi pas)

A la mise en place d’élément de censure

L’idée qui vient s’accoler dans le rêve c’est que cheveux et spaghettis une fois sortie du trou peuvent aller nourrir la terre des bacs à fleurs sur la terrasse. Autrement dit, leur décomposition permettra au sol de se récupérer de la fertilité. Afin de comprendre pourquoi cette image me vient cher lecteur, il faut que tu saches que je passe tout une partie de ma vie de veille à nourrir le sol: que ça soit à la campagne ou en ville. Je prends soin du sol et en contre parti je peux y récolter des légumes. Ici mon rêve emprunte ces éléments de ma vie de veille pour mettre en représentation la question de la disparition imaginaire de mon zizi. Les cheveux et les spaghettis qui deviennent bon à être décomposé, c’est une représentation de la disparition d’un zizi.
Mon rêve continue dans la mise en scène et organise la disparition des bacs à fleurs, eux aussi manque à l’appel: surcouche à ce traumatisme d’imaginé avoir perdu mon zizi.

Il s’agit donc d’une représentation d’un rapport sexuel interdit

L’interdit trouve également représentation dans les mots du Nicolas de mon rêve: “tu t’y prends mal” Dans la mesure où mon rêve traite de mon rapport à mes analysants, j’associe ici que le Nicolas de mon rêve est en réalité une représentation de Richard.
Au delà des zizis que je leur attribue, la grosse clé en métaphore, c’est la compétence en psychanalyse qui est mise ici en représentation. Une mise en représentation qui dit que je m’y prend mal avec mes analysants. Oui la psychanalyse je peux la voir comme soutenir un Sujet à trouver ses propres dossiers, ou bien être celle qui vient vers faire effraction dans une cave interdite parce que propriété d’un autre, pour prendre les dossiers cachés.
L’opération de récupération des dossiers de mon rêve ça peu être

  • à la fois une représentation de ma propre quête des dossiers cachés de mon inconscient
  • à la fois une représentation d’un désir peu recommandable d’être le cowboy de la psyché et d’aller chercher dans l’inconscient des autres les dossiers cachés. J’y vois un lien avec la mise en scène de l’interdit d’aller mettre mes doigts dans la tuyauterie de mes analysants. Autrement dit il m’est interdit d’aller faire effraction dans la psyché des gens.

Ici je parle donc de mon désir sexuel (ça) pour eux mis en scène dans ce rêve et de mon désir de non passage à l’acte (surmoi).

Au delà de la représentation onirique de mon désir sexuel pour eux, ça me fait associer à comment lorsque je les écoute j’ai parfois envie de leur dire: “mais là ce que vous décrivez … c’est ça…” (expression de mon désir, de mon ça)
Parfois je leur formule des hypothèses et je leur demande si je suis à côté de leur plaque ou pas.
Parfois au sortir d’une séance je me dis “mais ne serais-je pas allée trop loin dans ce que j’ai dit?” (la voix de Nicolas de mon rêve qui est mon Jiminy Cricket: mon surmoi: tu t’y prend mal) La question venant comme un écho douloureux à “ne suis je pas passé à l’acte avec eux?”
Ce rêve me permet de mieux comprendre comment nait ce doute en vie de veille: il nait parce que j’ai collé des éléments du champ de l’imaginaire à d’autres du champs de la réalité.
C’est parce que dans mon inconscient j’ai du désir sexuel pour eux et à la fois un désir de non réalisation de mon désir sexuel pour eux, que je remets au fin fond de mes caves secrètes (fonction de mon surmoi) le dossier les concernant: ce dossier qui contient l’idée de mon désir interdit (ça).

Une fois l’idée devenue inaccessible, elle tend néanmoins à sortir de sa cache, alors parfois elle vient s’exprimer en vie de veille, d’une manière détournée, qui semble ne rien à y voir, mais qui est en réalité une expression atténuée, ou grimée parce que en même temps que présente, elle est devenu non accessible.


Je sens que mon travail de clarification concernant les modalités de collage entre réalité et imaginaire ne font que commencer.

En vie de veille la chose s’exprime ainsi chez moi:

  • j’ai une part de moi qui pense savoir ce qui est bon pour eux, qui voudrait savoir mieux qu’eux ce qui est bon pour eux (ce qui est un comble pour une psychanalyste qui trouve sa fonction dans le soutien au Sujet pour s’accoucher de lui même).
    Ce type d’idée je l’ai déjà rencontrée avec mes enfants, ou bien encore avec mon père quand il était en train de mourir. Quand je l’ai vu se dégrader, perdre de l’autonomie, du poids m’est venu l’idée saugrenue de lui dire: “tu pourrais commander des repas, tu sais le service de portage de repas ils ont une diététicienne, ils peuvent hacher le bignou, ça sera parfait” Et en même temps j’ai eu un profond dégout, angoisse que mon père devienne un poids pour moi, comme si j’allais devoir venir le gérer.
    Ce qui était compliqué à gérer pour moi, c’est comment la perte que je le voyais embrasser me renvoyait à ma propre perte: celle de mon zizi imaginaire quoi. La mort est une forme de castration définitive: reste plus rien du tout du corps (comme la dégradation des cheveux et des spaghettis de mon rêve). Alors fallait que je tente de réparer.
    Quand j’ai pu faire la différence, décoller mon imaginaire de la réalité: “mon père est en train de mourir et c’est pas une partie de moi que je perds”, je lui ai foutu la paix avec ses repas. On a fait la fête pendant trois semaines, je l’ai écouté me parler de ses angoisses, de ses souvenirs, de comment il s’excusait de son comportement de gueulard vis à vis de moi… J’ai vécu ce moment comme une naissance à l’envers.
    Ici c’est un désir pour mes enfants, mon père, mes analysants, qui me pousse à les considérer comme une partie de moi, comme une extension de qui je suis, comme des zizis de substitution en somme. Bref penser à leur place ou parler à leur place, c’est une manière atténuée/grimée d’exercer mon désir sexuel pour eux.
    Les années et ma psychanalyse aidant je repère de plus en plus rapidement le gap entre mon imaginaire et la réalité. J’ai tué l’illusion que l’imaginaire était la réalité. Parfois cependant je dérape, alors à ceux qui me lise et qui aurait eu cette sensation que je pense à leur place je leur présente mes excuses.
  • j’ai une autre part de moi qui réagit d’une manière très épidermique lorsque j’entends quelqu’un parler ou penser à la place d’un autre. Je déteste d’autant plus fort que je porte moi aussi cette tendance dans mon inconscient. Et le comble de l’horreur pour moi c’est qu’imaginer être l’objet du discours de quelqu’un ça me blesse profondément: ce qui me rend d’autant plus détestable l’idée que je porte en moi même ce truc qui parfois me fait parler pour un autre.

Conclusion du moment

L’écriture de ce rêve m’apaise incroyablement. Me voici plus assurée sur le sens de mon travail. Oui je les aime mes analysants et oui je ne passerai pas à l’acte sexuel avec eux. Par contre je peux:

  • à la fois analyser mon propre désir pour eux
  • entendre comment eux analyse leur propre désir pour moi.

Le rêve se conclut sur la représentation de couples qui font semblant de s’engueuler sur leur liberté à faire ce qu’ils désirent. Autrement dit pour de vrai ces couples s’autorisent la liberté de rester Sujet à par entière. Précision importante, l’Homme qui partage ma couche travaille sur Odoo, c’est donc une multitude de couples Christine/Nicolas dont il s’agit. En effet, j’ai le bonheur de partager ma vie avec un Homme qui me laisse le champs suffisamment libre pour faire avancer la psychanalyse et écouter mes analysants. Cette liberté qui est mienne me fait revenir d’autant plus, tous papillons frissonnant au creux du ventre, me blottir dans ses bras, lorsque le soir pointe son nez. Avec lui le passage à l’acte est autorisé, sans risque d’y perdre quelque chose pour de vrai.

Le 14 juin 2022

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