Le monde s'est dédoublé, chanson de CLARA YSÉ.
Dans ce grand réseau qu’est l’Internet, où les informations s’enchaînent à la seconde, où tout semble aller plus vite que nos propres battements de cœur, il devient facile d’oublier ce qui fait de nous des êtres humains : ce que l’on ressent. Nos émotions, nos tremblements, nos élans, nos peurs, nos joies, nos larmes — voilà ce qui nous relie vraiment.
Aucun or n’accompagnera personne dans la tombe. Et pourtant, combien s’y perdent à courir après ce qui brille — sans voir que rien ne brille sans ombre. Car la lumière, la vraie, naît de l’intérieur : de ce dialogue silencieux entre nos zones claires et nos recoins sombres.
Comme l’eau dans un sol qu’on réapprend à écouter, la vie circule mieux quand on crée les conditions pour qu’elle s’infiltre. Non plus canalisée, mais orientée avec douceur — contrainte d’une manière qui favorise l’absorption, la lenteur, la fécondité. Ainsi se régénère ce qui semblait stérile : par la patience du vivant, par le retour des flux.
« Prends patience », dit la chanson.
Parce qu’il y a des passages, des arrachements, des mondes qui se dédoublent et nous font vaciller. Mais un nouveau rivage finit toujours par apparaître, éclairé par les phares de ce que nous avons traversé. La joie n’est jamais loin. Elle est à deux pas, tapie derrière un regard, un mot, une main tendue. Elle réside du côté de l’humanité, pas de celui des bilans, des statuts ni des chiffres. Elle se tient dans la présence, dans un calcul d’un autre ordre, celui du vivant : orienter sans enfermer, accueillir les débordements, faire place à la circulation. Comme un sol redevenu poreux, capable d’absorber, de retenir, de redistribuer. Quand on arrête de tout canaliser, la vie s’infiltre à nouveau, doucement, en profondeur.
Ainsi va la joie : mouvante, imprévisible, mais juste. Alors oui, le monde s’est peut-être dédoublé. Mais tant que nous sentons, aimons et partageons ce qui nous traverse, nous restons vivants. Et c’est précisément ce bout d’humanité que j’ai choisi de transmettre aujourd’hui. Parce qu’au fond, la vie ne se trouve pas dans les rapports, les commissions ni les sourcing, elle est ailleurs. Elle respire dans la sensibilité d’une artiste, dans la justesse d’une émotion offerte, dans cette vibration qui nous rappelle que nous faisons encore partie du vivant.
Le monde s'est dédoublé, 1er EP disponibleFilmé dans la salle des colonnes de l'Eglise Saint-Eustache, Paris, en décembre 2019.
IMAGE :
Réalisation : Zacharie Ellia
Chef Opérateur : Jean-Thomas Miquelot
Steadycam : Hugo Depraiter
1er assistant caméra : Romain Duquesne
Montage : Clara Ysé, Zacharie Ellia
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SON :
Enregistrement et Mixage : Bénédicte Schmitt avec StudioSacàDos / Labomatic Studios
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MUSIQUE :
Composition, Ecriture, Voix : Clara Ysé
Voix : Dafné Kritharas, Pablo Campos, Dylan Renaudet, Clélia Prot, Simon Copin
Violoncelle : Sary Khalifé
Contrebasse : Matthias Courbaud
Tambour : Naghib Shanbehzadeh
Arrangements : Clara Ysé, Sary Khalifé, Matthias Courbaud
Arrangements vocaux : Clara Ysé, Yulian Malaj, Paul Barreyre
Christine Jeudy | Psychanalyste | Besançon