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La répétition

copine d'infortune

Copine d’infortune la répétition s’installe. 33 séances de radiothérapie pour baisser les statistiques de risques de rechute de mon cancer du sein. là où la répétition a pu être une enveloppe bienveillante dans ma vie, elle pénètre aujourd’hui mon cœur comme un harpon glaçant. Mon énergie à être, file à travers mon enveloppe, comme dans un panier percé. Les trolls le savent, lorsque c’est le cœur qui se glace la magie n’y peut plus rien: seul un acte d’amour sincère peu y raviver un feu. A entendre que la magie, c’est à dire le pouvoir des mots, est limité en tant que tel par l’affect, les sentiments. Hé oui il est limité au sens ou ce ne sont que des mots ou bien encore de la représentation créée justement par cet amour dont parlent les trolls.

La limite est ici histoire de limite déterminant une forme et non la limite morale d’un ordre établi.

D’autres histoires convoquent l’affect de haine bien sur, les deux faces d’une même pièce.

Je rêve grandement ces nuits passée j’écris et dans un pas de deux glissant j’oublie mes textes avant même de m’attarder à l’analyse. J’ai le désir qui flanche face à quelques choses dont je ne veux rien savoir.

Et pourtant je sens le feu qui brûle encore en moi, celui du désir, l’étincelle reste présente. c’est ce désir qui me meut à l’écriture, à l’analyse, à vivre. Ma vie est loin d’être rectiligne, elle est plutôt une suite de répétitions justement, qui se répètent en boucle, mais pas tout à fait pareil quand même à chaque fois . Les films de type un “jour sans fin” ou bien encore “2:22” me font faire l’hypothèse que je ne suis pas seule a me retrouver face à la répétition.

N’est ce d’ailleurs pas pour un Sujet le cœur de sa psychanalyse: se questionner autour de la question : “ma vie est elle une suite de répétitions? suis je en train de répéter ce que les générations précédentes m’ont transmis ? comment sortir des répétitions qui me pourrissent la vie? comment vivre ma vie ?”

La répétition me complexifie la tâche de respirer en Sujet à part entière. Aujourd’hui de mes bonjours joviaux ne restaient que le son d’un mot sans saveur. Et je ne vous parle pas de l’énergie que ça m’a pris, j’ ai payé le prix fort ma volonté de maintenir un brin de politesse. Je suis ébahie d’observer comment :lorsque le Sujet moi même est en peine, je suis plus difficilement en lien avec les autres. L’échange entre être humain m’est rendu pénible parce que justement j’ai l’idée de ne pas avoir ce truc de valeur suffisante à échanger avec un autre. L’inverse fonctionne aussi, j’ ai le sentiment que ces autres que je croise n’ont rien de valeur suffisante à m’échanger.

Mais qu’est ce dont que ce truc ? et bien tout simplement l’histoire qu’un Sujet peut raconter. La répétition des séances me cantonne à une histoire bien monotone: aucune gloire à être la patiente, y a pas grand chose à en dire. Pour être le Sujet moi même j’aspire à plus, voilà donc la petite étincelle de désir en tant que telle. C’est de cette étincelle que ce nourrit mon désir grandissant à m’accoucher de moi même, à être moi et non plus la marionnette de qui que ce soit.

Voilà mon histoire du jour, elle est rudement chouette et finalement j’ en avais de choses à en dire. Avec l’écriture de ce texte me voici passé de patiente à auteur de mon histoire … Ben je me sens vachement mieux. Alors bonne nuit 😘

Christine Jeudy (Dornier) | Psychanalyste | Besançon

Un jour comme les autres