Un premier rêve: idée désir sexuel interdit
Je suis en couple avec mon beau père. Je suis à la fois très heureuse et à la fois extrêmement craintive parce qu’il est extrêmement vieux, il marche comme un vieillard vieux de cent ans. Des enfants nous rejoignent pour manger. Ils sont trois: deux grands et un plus petit. Je parle aux deux grands: une fille et un garçon. Je demande à la fille si elle est la plus âgée. Je lui pose la question à elle parce que je la vois un peu plus petite en taille, et je me dis qu’une fille c’est souvent plus petit en taille. Elle et le garçon se ressemblent terriblement, hormis des yeux vairons: un bleu et un marron.
D’œdipe et différence entre les sexes
Encore
un rêve qui me parle de mon désir de vivre en couple avec mon père. Le
sentiment d’être heureuse se lie directement à celui de la crainte: la
sanction corolaire de la mise en scène de mon désir pour lui.
Trois enfants nous rejoignent, au delà de ma vie de veille où j’ai
effectivement trois enfants (deux que j’ai portés et un de cœur) ça me
fait penser à un système trois pièces: zizi et son duo de bijoux: ici
j’y trouve une autre manière de représenter l’origine de mon désir: le
zizi là ou pas là.
C’est avec mes yeux de petite fille que j’ai constaté la différence
entre les hommes et les femmes: un zizi/un truc qui pend entre les
cuisses pour certains et rien pour d’autres. Outre les yeux vairons en métaphore de la différence entre les sexes, mon rêve la mets également
en scène dans la comparaison de taille entre la fille et le garçon.
J’attribue à la fille une taille plus grande oui quitte à faire autant
me récupérer un truc en plus pour une fois.
La castration: le lien avec ma pratique
Le
sentiment de malaise du début de mon rêve me fait penser à celui que je
ressens depuis quelques temps dans le cadre de ma pratique de
psychanalyste. Un sentiment de pique au bas du ventre, comme si un
risque pointait le bout de son nez.
L’idée de risque qui me vient est celle de ne pas suffire, de ne pas être suffisamment bonne pour les gens que j’écoute, qu’un autre ferait mieux
que moi.
A priori le risque que j’encoure n’est pas visible dans mes propos,
c’est pour l’autre qu’il y a un risque si je me trompe. Mais alors
pourquoi ce sentiment de risque pour moi? Et bien ce risque vient en
écho à celui d’être en couple avec mon père: la castration. De cette
castration imaginaire reste l’idée d’un truc coupé et du trou béant qui
en résulte: y a plus rien.Je
parle bien sur ici du champs de mon imaginaire. Dans la réalité de ma
vie de veille je sais que je suis entière et qu’il ne me manque rien.
Autrement
dit le risque que je vois pour moi, c’est que les analysants que
j’écoute aillent voir ailleurs parce que je suis pas munie du savoir
idéal, pas suffisante, avec une faille. Je parle ici de moi bien
évidement et non de ce qu’eux ont pu me dire. Ce qui m’importe ici c’est
de vous dire comment les écouter ça me fait me sentir comme le
réceptacle de leur parole, un creuset où ils passent, le temps de se
récupérer par la suite eux même comme Sujet. A cet instant je ressens un
plaisir proche de celui de moi mère. Or ce qui conduit mon désir d’être
mère c’est de combler ce trou imaginaire dont je parle plus haut: part
un enfant substitue de mon zizi/phallus.
Le pique au ventre que je ressens tient au collage entre la perte imaginaire de mon zizi et celle qui pourrait se produire dans la réalité: la perte de mes analysants. Pour de vrai ils ne sont pas à perdre, parce qu’ils sont des Sujets et non des objets. Pourtant moi en tant que Sujet je les ai, dans mon imaginaire, rendu objet de mon désir. Et ça c’est interdit.
Outre les perdre eux en tant que tels, il y a l’idée de la perte financière qui s’avance. Le fil de mes associations me conduit à un rêve d’argent, rêve en chronologie proche de celui que je vous conte ci dessus.
Un second rêve: l’argent comme métaphore de mon désir interdit
Ma
maman me demande un virement d’argent pour combler suite au décès de
mon père, je crois. Ça me met en rogne parce qu’elle demande 200 euros
et j’ai le sentiment d’avoir déjà beaucoup donné. Notamment à ma belle
mère. Nous sommes chez elle et on doit enlever le tri. Elle monte des
marches, je lui tiens la main par le bas, elle s’appuie sur mon bras
pour ne pas chuter. Elle manque de tomber parce qu’elle a mis des
cartons sur les marches. En plus y a des couvertures mal pliées. Je me
mets à tous ranger.
Amour de ma mère et/est ma belle mère
Ce
rêve vient me confirmer la chose suivante: dans mon inconscient, la
représentation de ma mère est collé à celle de mes belles mères.
J’utilise le pluriel parce que le phénomène à eux lieu avec chacune
d’elle, oui j’ai eu plusieurs mecs 😇 donc j’ai eu à faire avec chacune
de leur mère. Ce qui compte ici n’est donc pas la belle mère en tant que
personne à part entière mais bien de ma représentation de mon rapport à
ma mère.
L’argent c’est la métaphore de mon désir sexuel/ma libido pour elle et inversement.
Je
me suis longuement pensée comme n’étant pas suffisante pour ma mère.
Mon analyse, rêve après rêve, me permet de dire aujourd’hui: pas suffisante au sens de jamais digne d’entrer dans son lit.
Bien sur qu’en vie de veille il est heureux qu’il n’y ai pas eu de passage à l’acte sexuel entre nous deux.
Et pourtant dans mon inconscient la chose est représentée comme si, parce que j’avais une faille, elle n’avait pas voulu de moi.
Je retrouve ici la notion de ne pas suffire avec mes analysants, que j’évoque dans le premier rêve de cet article: la première idée étant liée à ce moule princeps qu’est mon désir pour ma mère. Dans le cas de mes analysants, il s’agit d’un glissement en vie de veille: pique dans le ventre ressenti pour de vrai (champ de mes expressions subjective dans la réalité), dû à une angoisse de perdre un zizi / ma mère ou tout autre chose que j’ai. (champ de mon imaginaire)
L’argent: le lien avec ma pratique
Au début de ma carrière en tant que psychanalyste j’ai fais comme les autres, comme mon psychanalyste: j’ai fixé mes séances à 50 euros. En réalité, lorsque la situation l’a exigée et après en avoir échangé j’ai adapté mes tarifs en fonction de la situation des gens.
Ce rêve est intervenu à un moment précis de ma vie où j’ai travaillé ma grille tarifaire en tant que Christine Dornier. Mon travail au tiers-lieu, ma psychanalyse m’a conduite à choisir la grille suivante: J’estime valoir 80 euros de l’heure et je permets aux gens de me payer 60 euros ou 100 euros. Je prendrai le temps d’écrire un autre article sur la question dans la rubrique facilitation de mon site. En effet je concentre cet article sur moi, mon inconscient et ma pratique de psychanalyste.
Sur le moment ce dernier rêve est resté comme une énigme. C’est le lendemain, lorsque j’ai parlé à la première personne que j’écoutais de la journée que j’ai compris. J’ai compris lorsque là encore, j’ai ressenti un pique au ventre.
J’avais à cœur de parler à chacun de ceux que j’écoute pour leur annoncer ma nouvelle grille tarifaire avant de publier mon site au grand public. Leurs annoncer la nouvelle grille impliquait pour moi de leur laisser le choix de ce qu’ils allaient me payer. Alors “AARRGG bordel et s’ils me payaient moins? si je perdais de l’argent?”
Cette partie de moi qui aime avoir j’ai encore du mal à l’assumer: à vous écrire je sens comme un vide au creux du ventre: comme un risque à déplaire à tes yeux à toi qui me lit, aux yeux du dehors plus largement et aux miens. Bon ici encore, analyse aidant la question de plaire à mes yeux s’apaise: ce n’est que mon imaginaire. Comme si être digne / légitime de recevoir l’amour, la libido, l’argent d’un autre me légitimait à être tout cours et en propre. Je parle donc d’une naissance de moi, de la découpe d’une représentation de moi en tant que tel.
Concernant l’impératif de plaire aux autres pour être, la chose s’apaise aussi dans la mesure où, en ayant conscience qu’il ne s’agit
que de mon imaginaire je ne risque pas de disparaitre si quelqu’un ne
m’aime plus.
Ouverture sur ma pratique
Mon chemin d’analyse me conduit à comprendre de plus en plus que le mot n’est pas la chose. Ce n’est pas parce qu’un ou plusieurs analysant décideraient de partir que je perds réellement un truc. Punaise comme l’écriture de ces lignes me font du bien. Mon angoisse de les perdre c’est lié à mon imaginaire: pour de vrai je ne risque pas de perdre quelque chose de vital.
En séances depuis quelques semaines, je tente moins de convenir à ce que je pense que l’analysant attend de moi.
Je me concentre davantage sur ce que je ressens et sur ce que me fait la
parole de celui que j’écoute: de la peine, une grande solidarité, de la
tristesse, de l’énervement, de l’agacement, de la répulsion, de
l’amour, une envie de sauver… Puis j’analyse ce que ça me fait. C’est
l’analyse de mon intérieur qui permet le pas de côté nécessaire à
l’analyse de ma pratique.
Mes interventions sont aujourd’hui, moins guidées par mon envie de plaire, et plus par mon envie de les entendre pour de vrai eux en tant que Sujets à part entière.
Cette
prise de conscience n’enlève pas moins les comportements à côté de la
plaque que j’ai pu avoir et aurai peut être encore dans les séances avec mes
analysants. J’en suis profondément désolée.
J’entends à côté de la plaque l’idée de confondre ce que je ressens à
leur écoute avec la réalité où je pourrais savoir pour de vrai quelque
chose sur / pour eux.
Je ne sais pour personne: chaque Sujet a son histoire, sa mémoire, ses
sentiments. Alors mon travail au quotidien et de continuer d’analyser ma
pratique de psychanalyste pour repérer encore et encore la différence
entre l’imaginaire et la réalité. Et ainsi je peux limiter les passages à
l’acte que sont pour moi l’interprétation à la place d’un autre ou
encore de faire porter à celui que j’écoute le poids des sentiments que
j’éprouve pour lui.