Elles parlent entre elles, dans cette vidéo de Piplettes. Pour voir la vidéo cliquez ici
Elles parlent comme on parle quand on se sent en confiance : du sexe, de la tendresse, de la mort, de la famille, de la solitude, de ce qui traverse une vie de femme. Des morceaux d’existence posés sans fard, parfois drôles, parfois douloureux.
À l’écoute, quelque chose se produit en moi.
Leurs histoires suivent d’autres chemins que les miens, pourtant un même point résonne : la structure humaine, celle qui circule dans le désir, la perte, les liens, le manque, les élans du corps. Elles racontent leur vie, et j’y reconnais la mienne — pas dans les faits, mais dans la trame intérieure : une manière de se tenir debout, de chercher, d’aimer, de survivre, d’espérer encore. Cette parole-là circule librement. Elle ne cherche ni l’adhésion, ni l’effet, ni l’apparence. Elle invente un espace partagé. Une sororité vécue, palpable, qui se construit dans chaque phrase lancée comme une vérité subjective.
En les écoutant, je me reconnais dans ce qui se dit. Dans la solitude qui pèse. Dans la tendresse qui soutient. Dans la mémoire de celles et ceux qui ne sont plus là. Dans le désir qui anime. Dans le bonheur simple d’un soir où un homme vous enlace et où tout se calme d’un coup, comme si le monde reprenait sa place autour du corps. Dans la force que peut avoir une parole juste quand elle touche au bon endroit. C’est cette rencontre-là qui me touche.
Leurs récits éclairent ce que je porte depuis longtemps. Leur manière de dire révèle une même colonne intérieure : vivre, tenir, avancer, avec les failles, avec les tremblements, avec ce qui nous fonde. Écouter ces femmes, c’est sentir une fraternité féminine qui ne se déclare pas mais se vit. Elles ouvrent un passage où chacune peut reconnaître sa propre structure, même à travers des vies très différentes.
À elles. À moi. À nous.
Christine Jeudy | Psychanalyste | Besançon