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Un rêve de guerre de Chapelles

Le scénario du rêve

Je suis au Souillot. Je garde la maison pendant l’absence de ma mère. J’ai laissé mon téléphone en charge dans la chapelle qui jouxte la maison de chez mes parents. Une messe est en préparation, les gens arrivent. J’entends un de mes amis jouer/tester le micro. Je me sens hyper gênée d’autant que j’aperçois au fond dans la sacristie le prêtre en train de se préparer. J’utilise un autre téléphone depuis quelques jours, plus petit, moins technique mais tout aussi efficace. Seulement je me sens Super mal à l’idée d’avoir perdu l’autre. En effet j’ai le doute, l’ai je ramené à la maison avec le chargeur ? Ou laissé à l’église ? Je tente de rentrer dans la maison par le jardin, c’est super compliqué, un tas de sable bloque l’entrée. Il faut que je prenne de l’élan pour franchir la pente et ça ratte à chaque fois. Des gens arrivent autour de l’église. Ça parle de guerre et d’élection politique. Les esprits s’échauffent, un groupe se mets à taper contre un panneau métallique qui protège les murs en réfection de la chapelle. Ils invectivent violemment les gens qui vont à la messe. Ma mère rentre. Je lui explique mon problème. Elle voit passer la responsable des messes Sylvie L. Elle court lui demander si elle a vu le téléphone. Ma mère reviens bredouille. Elle regarde dans son sac et sort son téléphone. “Ah j’ai le miens, ça me fait rudement plaisir de pas l’avoir égaré, pour une fois que c’est pas à moi que ça arrive”

L’analyse

Collage entre le mot et la chose ou le chemin de la confusion.

Voici un rêve qui me fait prendre la place de ma mère dans sa propre maison, mais pour un temps, question d’interdit bien sûr. Je voudrais être elle, pour avoir mon père et avoir la capacité de me faire naître au monde moi même. Or l’une comme l’autre de ces idées sont interdites. Non je reformule, l’idée est là et le passage à l’acte est interdit.
Le fait de t’écrire cher lecteur, me permet de clarifier que l’idée elle est à la fois vue par mon inconscient:

  • comme un désir auquel je souhaite accéder donc désir à réaliser (pas pour de vrai hein le pour de vrai est interdit)
  • comme un interdit. La notion d’absence de ma mère me fait penser à son retour, cela ne peut durer qu’un temps, le temps de mon rêve.

Le fait de t’écrire est une force d’analyse de ce qui se passe dans mon inconscient. Parce que je m’adresse à toi je clarifie mon propos, je te rend accessible des éléments de mon passé, de ma mémoire, de mes sentiments (auxquels tu n’as pas accès parce que je suis la seule à les détenir) dans l’idée que toi qui écoute tu puisses te faire une représentation de ce que je dis. En parlant ainsi à ton adresse, je produis du Sujet Christine, et parfois je trouve un truc nouveau de moi sur moi.
Il est évident cher lecteur que tu as bien le droit de ne pas me lire, de ne pas te faire de représentation de ce que je dis. Ce qui compte c’est mon intention dans l’écriture, finement lié à un espoir qu’au moins un Sujet me lise.

C’est cette force de l’analyse qui me permet ici de dire:

  • là où mon inconscient a collé désir et interdit il y a en fait deux idées différentes qui cohabitent idée de désir qui cohabite avec idée d’interdit.
  • là où je pouvais confondre mes idées (les deux ci-dessus contenues dans mon inconscient) avec la réalité d’un passage à l’acte, en fait l’idée que je porte ne se réalise pas forcément pour de vrai.

S’il m’est interdit de pouvoir me mettre au monde physiquement, je m’autorise aujourd’hui à me mettre au monde en tant que Sujet.

Mise en place d’un vide/une découpe entre le mot et la chose

Pour de vrai quand bien même mon inconscient a collé les deux types de naissances entre elles, ce n’est pas la même chose, l’une est de l’ordre du physiologique et l’autre du psychique. Autrement dit, mon inconscient dans un incroyable raccourcit apposé le sceau de l’interdit à m’accoucher de moi même, à devenir Sujet à par entière, comme s’il s’agissait d’une naissance physique. Je suis estomaquée de voir comment mon inconscient est venu accoler l’idée de ma sortie du ventre de ma mère (naissance de mon corps physique) comme image/représentation matrice de ma naissance en tant que Sujet. Oui pour vous parler de ma naissance en tant que Sujet je ne saurais vous la décrire autrement, que de sortir d’un endroit où la construction de ma représentation de moi même c’est faite: ici la maison de mes parents.

L’accouchement de moi même au risque de la guerre de chapelle

La maison du Souillot est celle où je suis née. Je viens d’en hériter pour moitié suite à la mort de mon père. Cette maison de mes rêves c’est aussi une représentation de moi en tant que je m’identifie à ma mère, que je voudrais être elle.

Il s’agit donc ici à la fois:

  • d’une mise en scène autour d’un accouchement de moi par moi.
  • d’une tentative ratée de retourner dans le ventre de ma mère: l’échec de remonter le tas de sable.

La chapelle comme la maison me fait penser au ventre de ma mère dans la mesure où elle les fréquente régulièrement, je m’en fais une représentation que c’est un peu sa deuxième maison.
Ce lieu tombe sous le sceau du sacré, tout comme le ventre de ma mère: interdit d’y faire des choses de l’ordre du sexuel. Alors voir un de mes amis jouer avec son micro là au milieu: ben ça me gène. Ici j’associe à ce soir de novembre au ciné-club où ma mère est venue. Là mon ami Richard nous a proposé de visionner le film “Benedetta”. Le temps de l’échange venue, j’ai botté en touche, trop fatiguée ai-je dis. La fin du ciné club fu avortée et le débat n’a pas eu lieu. J’en fut incroyablement soulagée, comme si j’avais pu éviter une guerre de chapelle: d’un coté ma mère et sa religion, de l’autre mon ami et la psychanalyse. Je craignais la confrontation sur la question du sexe et de l’église entre ma mère et Richard. Mon rêve emprunte le contexte géo-politique de ces dernières semaines comme renfort à ma représentation de la guerre de chapelle.

Mais pourquoi ce rêve maintenant? Et bien parce que dans mon activité de psychanalyste me voici à collaborer avec des universitaires, des gens de tout horizon qui parlent d’une psychanalyse qui dans la représentation que je m’en fais ne correspond pas à la représentation que je me fais moi de la psychanalyse. Je crains la guerre de chapelles parce qu’à la fois:

  • je crains, comme dans mon rêve, des hordes de gens qui viendraient me secouer et attenter à mes murs: à ma peau, à l’intégrité de mon corps: parce qu’ils ne comprennent pas qui je suis, ce que je dis.
  • je désire dézinguer les représentations qui ne me conviennent pas, comme j’anime dans mon rêve les gens qui viennent faire effraction à la chapelle en frappant sur ses murs.

Mon rêve vient mettre des images sur ma crainte de la guerre de chapelles. Je pense à comment je suis persuadée que mon abord de la psychanalyse et le bon. C’est à dire prendre cette discipline pour ce qu’elle est: une discipline des Sujets, une discipline qui est à la fois scientifique et à la fois pas:

  • Scientifique par sa méthodologie qui consiste à confronter une expérience de pensée à la réalité du laboratoire de l’inconscient.
  • Pas scientifique parce qu’il s’agit de l’étude du Sujet, donc à ce titre tendre à objectiver son sujet d’étude pour en faire un savoir universel c’est à côté de la plaque. Je dis à côté de la plaque parce que si la discipline psychanalyse objective son sujet d’étude, c’est le Sujet qu’elle objective, du coup c’est plus un Sujet. Vous me suivez? ou pas?

Analyse aidant et accueil de voltigeuse de la facilitatrice des temps d’échanges me permettent aujourd’hui de sentir un apaisement grandissant.
Là où les premiers échanges m’ont laissés des nœuds au ventre, les suivants ont ouvert un pas de côté. Le moment où j’ai l’impression que ces autres qui parlent, tentent de me convaincre ont diminués comme peau de chagrin, et mon agacement à les écouter aussi. Au contraire mon plaisir à les entendre a grandi.

Me voici encore une fois, confrontée à la notion des bulles/corps/famille: ou comment rester en vie en tant que Sujet, penser ce que je pense, tout en laissant l’autre en vie et inversement.
Naitre en tant que Sujet me pousse à me différentier des autres, oui! pour être moi pas d’autre chemin praticable!

Un zizi présent ou absent, une différence comme point de repère de mon origine

Je m’arrête un instant sur le téléphone. J’en ai un, un peu petit mais il fonctionne très bien. Ici ça me fait dire que je me représente avec un zizi (je me fais plaisir à l’égo). Je sais bien que pour de vrai je n’ai pas de zizi hein et pourtant là dans mon rêve je m’en muni d’un.
Oui pour de faux, dans mon imaginaire, j’aurais vraiment beaucoup aimé en avoir un. Je m’en attribue un en rêve parce qu’aujourd’hui je m’assume beaucoup plus et pourtant j’ai l’idée qu’il y en a un mieux que j’ai perdu: dans la maison ou la chapelle/ le ventre de ma mère: je doute.
Je doute parce que j’ai l’idée que j’ai perdu mon zizi dans la mesure où je suis fille. Alors mon imaginaire de petite se fend d’un oubli du-dit zizi dans le ventre de ma mère, une explication comme une autre quoi.
La boucle est bouclée lorsque ma mère sort le sien et dit “pour une fois que c’est pas moi qui ai égarée mon téléphone” Je dis que la boucle est bouclée dans la mesure où m’identifiant à ma mère moi aussi je parviens à cette image de moi ou rien ne manque, pour un temps… Celui du rêve.

Christine Dornier
Analyse de rêve du 30 mars 2022

Archéologie de moi
Comment un rêve nourrit ma compréhension de la fabrication de mes représentations