Le rêve
Je suis avec ma maman en voiture. Nous revenons d’un voyage. Nous décidons de nous arrêter pour nous reposer, lire. Je suis assise à la place du conducteur. Au bout d’un moment je relève le nez de mon bouquin et je vois que la voiture à avancer tout seule. Je dis affolé à ma mère : tu as vu la voiture ? Elle , calme comme un ange me dit “oui, elle a fait un bon chemin” je prend les clés, je remets le contact pour pouvoir conduire. Je me sens gêné par une couverture sur mes genoux. Je demande de l’aide à ma mère pour la retirer ainsi que les sacs que j’ai sur mes genoux. La voiture prend de la vitesse. Nous voici dans un chemin qui se rétrécit, caillouteux. Je vois au bout une étendue d’eau. Je donne un énorme coup de volant et dans un grand tête à queue je parviens à arrêter le véhicule. Ma mère descend et dit" j’ai vu un arrêt de bus plus haut nous allons y aller à pied. Ça va nous faire du bien de marcher à l’air" je lui dis “OK mais je dois d’abord récupérer mes affaires dans la voiture j’en ai besoin” nous voilà partie toute les deux.
Mon analyse
Je vous donne certain élément contextuel pour comprendre mon rêve. J’ai entamé un curieux voyage depuis le 2 octobre. Un voyage parsemé de première fois depuis la mort de mon père. J’ai beaucoup rêvé depuis, beaucoup de lui. J’ai même rêvé qu’il respirait à nouveau.Ces nombreux rêves, j’en avais le souvenir au réveil, mais je ne les ai pas noté, pour rester plus longtemps dans mon rêve, pour pas prendre le risque de perdre une seconde de ce scénario où je retrouvais mon père (principe de plaisir). Alors ils se sont envolés (ce mouvement de: je cache parce que je ne veux pas voir), ne laissant qu’une miette : “l’image de son torse qui s’anime dans un lent mouvement de respiration”
Avant sa mort je ne le voyais pas beaucoup, à peu près une dizaine de fois par an (peut être moins). Je ne peux pas dire que j’étais fâchée, juste que j’avais mieux à faire ailleurs, avec ma vie. Alors sa mort ne vient pas en tant que telle chambouler mon quotidien de vie de veille, je ne le vois pas moins. Et pourtant si: je me sens chamboulée. C’est comme si avant il était là (vivant) et pas là, alors qu’aujourd’hui il est pas là (mort) et là dans ma tête (mon cœur, mon inconscient…) J’y vois la structure du Fort-Da, de ce là pas là qui est un élément d’origine de la construction des représentations. Dans ce rêve, mon père brille par son absence et pourtant c’est lui qui m’est venu en tête lorsque j’ai relu mon rêve.
J’en reviens à mon rêve, je suis avec ma mère dans la voiture et c’est moi à la place du conducteur. Petite c’est mon père qui occupait cette place. Oui vous me voyez venir: ce rêve me met en scène en train de prendre la place de mon père avec ma mère. La voiture qui avance toute seule est une représentation de mon désir sexuel pour ma mère (le coté Ça), un truc qui roule tout seul, indépendamment de ma volonté consciente qui voudrait bien qu’il n’en soit rien (là c’est le surmoi, mon gendarme interne). Le tête à queue de ma voiture, plus que suggestif vient conclure le mouvement de la voiture. Je n’ai pas à lutter, ça finit toujours par s’arrêter, c’est là dans mon inconscient même si j’essaie de le refouler, et ça fini un peu comme la fin d’un orgasme.D’ailleurs la voiture s’arrête au bord d’une étendue d’eau qui me fait penser à de la mouille de femme ayant du plaisir (moi ou elle peut importe, peut être les deux d’ailleurs). La couverture sur les genoux, elle est là comme pour cacher mon entre cuisse, genre cacher une érection, les sacs en serait mes bourses. Le rêve permet une mise en forme de la pénétration en tant que telle via ma clé que j’enfile dans le neiman pour démarrer.
Mon rêve me mets en représentation en train de lire un livre. Je lis peu de bouquin en vie de veille, les auteurs parlant très peu d’eux je m’ennuie assez rapidement. J’aime lire ou regarder des histoires, des fictions sur lesquels je peux associer depuis mon inconscient, ou alors des gens qui parle d’eux. Je me fais la représentation que quand je lis de la théorie, je ne vois plus l’essentiel: moi. Dans mon rêve, je lis et je ne vois pas que la voiture avance, autrement dit je ne vois pas que je désire ma mère. Pour moi la théorie des livres vient en renfort de mon gendarme et participe à ma censure interne. La prise de vitesse et ma peur dans le rêve me fait penser au corolaire de ce désir interdit: le risque de chute. Un jour en voiture, j’étais petite, ma mère était au volant, nous avons glissées sur une plaque de verglas, j’ai eu une peur bleue. Ce jour là j’ai eu l’impression de tomber à plat. J’en ai terriblement voulu à ma mère, si mon père avait été au volant, la voiture n’aurait pas glissé… Au final ce qui me vient c’est que je lui en ai voulu notamment de m’avoir fait fille, avec un zizi en moins quoi (merci à ma fille qui un jour m’a dit “mais maman pourquoi tu m’as fais fille?,” ça m’a immédiatement fait pensé à l’épisode que je viens de vous conter)
Intéressons nous à la voiture. Le chemin qu’elle emprunte est de plus en plus étroit: le strict inverse de ce que rencontre un sexe masculin qui pénètre un sexe féminin: une entrée étroite et ensuite une cavité de plus en plus spacieuse, l’utérus.Le rêve inverse le sens, et pourtant c’est bien de cela dont il s’agit, un zizi qui pénètre une foufoune.Le zizi étant la voiture et la route qu’elle empreinte un vagin. Il y a onze ans, mon père m’a offert une voiture, ça marque un cadeau pareil. Dans ce rêve je suis dans la voiture, avatar du zizi d mon père en train de faire un tête à queue avec ma mère: il s’agit d’une scène primitive, d’une reconstruction de ce jour où j’ai été conçu.Je retourne dans la voiture chercher mes affaires, comme si j’y avais perdu un truc, mes deux sacs probablement, j’y retourne chercher un zizi que j’y ai laissé. Ce n’est pas le ventre de ma mère, c’est le zizi de mon père et pourtant je me figure que lui aussi m’a portée.
Je suis fille unique, sa mort nous laisse toute les deux ma mère et moi. Nous continuons le voyage toutes les deux, laissant la voiture représentation de mon père. J’ai l’idée dans le rêve que je pourrais remonter la pente avec, mais non, je la laisse là et je continue ma route.
Cette analyse je l’ai écrite avec la musique suivante dans les oreilles: https://music.youtube.com/watch?v=1WJxOivfZxI&feature=share Je suis un château ambulant, et je poursuis ma quête de trouver qui je suis. Me voici encore à renaitre en tant que Sujet.
Christine Dornier | Psychanalyste
Analyse de rêve d'Octobre 2021