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Lettre à mon analyste

13 février 2019

Bonsoir,

Je vous écris parce que je vais pas fort. Votre question sur qu’est ce que je demandais finalement à ma hiérarchie m’a retournée, heu je sais pas plutôt bloqué le ventre. J’ai affreusement mal au ventre depuis dimanche soir. J’ai mal quand je me touche le ventre, comme une énorme courbature, pas d’arrêt de mon transit cependant, mal à gauche de mon nombril.

Je me sens sur le bord, sur cet endroit si étroit que je ne sais de quel côté je vais basculer. J’ai peur de perdre à devenir moi. Le mot qui venait était m’accoucher de moi… je ne sais pas si ce mot vient de moi, où si je l'empreinte à la psychanalyse pour me cacher derrière. Autre symptôme de ce que je vis là tout de suite: le doute.

Devenir Sujet pour moi c’est perdre cette sécurité de mes parents, de vous, je vais même jusqu’à pousser perdre la sécurité de mon mec. C’est pas les gens que je risque de perdre, c’est la représentation que je m’en suis faite, cette représentation de ce qui me rassure, je ne suis pas seule. Être sujet ce n’est pas là solitude et pourtant c’est être seule avec soi.

J’aime pas le vide, ça m’angoisse, je ne sais trop pourquoi. Alors je fume, je bois (pas tout les jours mais quand même je sens quand je suis avec des amis je bois jusqu’à ce que mon corps dise stop) et je mange, dimanche un peu trop. Le truc c’est que je joue à la maîtrise, pour éviter de me remplir je ne mange pas la première cacahuètes.
Après ma séparation d’avec le père de mon fils j’avais une vraie jouissance à ne pas manger. J’en ai perdu 10 kg. Je maîtrisais aussi mon ménage, mes courses, jusqu’à l’endroit où je posais le biberon le soir pour maîtriser chaque geste du matin suivant. Cette maîtrise n’a jamais enlevée mon envie d’autre chose: trouver un mec. J’ai alors aligné les mecs torturés, pensant être l’unique, celle qui allait les réparer, être la bonne. Bien entendu je me suis fait jeté à chaque fois… trop gentille me disais je.

Alors je me suis dis je vais adopter seule. Encore dans la recherche de quelque chose… un phallus que je n’ai pas.
Gentille pour réparer cette faille qui est là mienne… enfin que je suppose être là mienne dans mes représentations.

Et puis Nicolas a fait irruption dans ma vie. J’ai lutté pour maîtriser et j’ai eu des loupés dans ces tentatives de maîtrise. Ces loupés m’ont permis de vivre de ressentir des choses dans mon corps et mon âme (âme en dehors de toute religion). M’a fallu cependant un deuxième enfant (phallus dans mon ventre qui pendant 9 mois m’a ôté l’angoisse de cancer). Parallèlement j’ai continué mon chemin de lecture, mon chemin fait de rencontre avec des dits psychotiques…
Une chose en moi me poussant là où je suis aujourd’hui… mon désir
Mon analyste, le mort, pas vous du coup, était plus reposant… quoique il ne s’y passait pas rien: lors de mon patient-age de 45 min dans la salle d’attente j’ai lu, Dolto, Cyrulnik… et vous. J’ai galéré (le livre, je ne l’ai pas encore terminé) à vous lire. Vos vidéos sont venu me simplifier la tâche (me reste du taf quand même) Je me suis alors mise à être plus attentive à mes rêves. Et la suite est faite des échanges que j’ai avec vous lors de mes temps d’analyse auprès de vous, alors je ne re-raconte pas.

Je sais que je suis actrice, auteur de beaucoup de choses de ce qui m’arrive dans ma vie et j’ai croisé des gens qui ont des comportements de vrais cons (diplômé ou pas d’ailleurs) et des gens avec des comportements bienveillants à l’égard des autres.

Pour en revenir à cet instant de ma vie, quand je parle de bord, c’est plutôt un abord… je ne peux me satisfaire d’une représentation d’une chose qui m’est extérieur pour vivre. Dans ce cas il ne s’agit que d’un Placebo, d’une anesthésie pour moi. Et vivre anesthésié j’aime pas, ça me suffit plus. Je veux vivre. C’est d’une représentation de moi que je désire. Malgré ce désir j’ai peur de perdre … mince à l’écriture j’ai un blanc, je ne sais plus ce que j’ai peur de perdre…
Aujourd’hui j’ai eu un entretien avec Monsieur X, je me suis limitée à 30 min… j’en ai pris plein la gueule, plein l’inconscient… il expliquait notamment que “ses progrès l’avait conduit à ne plus se sentir bien chez lui, dans sa planque, dans ses comportements anesthésiant (jeux vidéo et dormir beaucoup) et je l’ai laissé avec son affaire, en lui proposant un autre entretien à la fréquence qu’il souhaitait. Quand je dis que j’en ai pris plein l’inconscient c’est que m’accoucher en tant que Sujet ça me fait perdre ma planque ça m’expose au regard de l’extérieur… étrange similitude ni plus ni moins qu’humaine.
J’ai la trouille et pourtant je ne saurais aujourd’hui revenir à cet état anesthésiant, je veux vivre… je ne veux pas me remplir, je veux vivre.

Bon la fièvre aidant je me suis décidée à appeler un médecin, il m’a dit que je devrais pouvoir attendre demain matin sans trépasser… angoisse quand tu me tiens. À peine raccroché voilà que je repars dans des si… alors aujourd’hui je vais essayer d’attendre parce que objectivement parlant je risque rien là tout de suite, et si ça s’aggrave dans la nuit mon amoureux sera là… et l’angoisse reste là… quoiqu’à écrire elle tend à s’apaiser. Et j’ai un rendez-vous jeudi chez ma généraliste et je sais que même si je le dois de prendre soin de mon corps, ce n’est pas la réponse du médecin qui va me soulager. Je/mon inconscient trouverai autre chose…
Ersatz de comblement de mon vide pour tenter de lutter contre l’angoisse ? Besoin d’immédiateté de votre lecture comme soulagement de mon angoisse ? Probablement, du coup je ne sais pas si je vais vous envoyer cet écrit de suite… je vais voir.

En tout cas merci d’être vous. Merci de votre écoute et de vos paroles pendant nos séances. Dans mon dernier rêve je nomme un échange de cadeaux, je crois que dans mon inconscient j’aimerais pouvoir vous offrir un cadeau tout aussi important que celui que vous m’avez fait en me/nous (l’ensemble des lecteurs et spectateurs) de nous permettre de vous lire et de vous écouter parler de votre pensée/théorie de votre pratique.
Bonne soirée

Christine DORNIER

Témoignage d'une analysante: moi

Je lui ai envoyé le texte dans la foulée.

Lorsque j'associe sur une œuvre d'art
une psychanalyse du Sujet en dehors du cabinet de l'analyste