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Le Château ambulant (3)

De la machine à faire des représentations à la naissance du Sujet

Le Fort-Da comme tentative de faire de la représentation

Une fois tous ces éléments de l’inconscient mis à jour, les sentiments auparavant empêché par la censure commence à sortir au grand jour : « mais si tu es jolie » « non Sophie ne part pas, moi je t’aime  » « Hauru ne part pas, reste avec moi » Comme si l’existence de l’image ne pouvait perdurer si l’être aimé s’en va.

Je reconnais ici le fort-da, le truc qui fait que l’enfant que j’ai été a jeté un objet au loin, l’a parfois détruit pour pouvoir se récupérer la représentation de l’objet absent.

La ville en feu est le décors de ce fort-da où le risque pour Sophie et de perdre Hauru. Alors comme si elle confondait le mot et la chose elle se décide à quitter le château ambulant avec l’ensemble des occupants : Calcifère y compris… Privé de son feu intérieur la machine s’écroule. Oui sans désir rien ne se meut. Elle prend cette décision pour que le château passe inaperçu aux yeux des bombardiers phalliques et ainsi pour éviter que Hauru ne se mettent en danger pour les sauver.
Son désir de retrouver son amour est si grand qu’elle demande à Calcifère de bien vouloir redonner vie au château, il dira oui, contre un bout d’elle : un retour de castration comme corollaire du désir.

C’est alors que la Sorcière des Landes repère le cœur de Hauru, qui est au sein de Calcifère.

Elle s’en empare. Encore une course au phallus, ici emporter le cœur de l’homme, autrement dire avoir ce qu’elle n’a pas. Sauf qu’elle s’y brûle plus que les ailes, le corps tout entier, elle risque alors sa vie : un fort-da un peu définitif et du corps tout entier.

Alors pour la sauver Sophie lui envoi un saut d’eau en pleine figure :

Pleine de chagrin elle se rend compte que sont geste à probablement tué l’homme qu’elle aime puisque sont cœur n’est plus chaud au creux de calcifère. Le château se fend et Sophie chute avec le cœur de Hauru dans les mains. L’amulette, le petit bout de Hauru qu’elle porte au doigt lui indique la porte du château.

Derrière cette énième porte menant vers un énième lieu elle découvre le secret de Hauru et Calcifère, les pieds retenu dans un marais (comme nombre de mes rêves où je ne peux plus courrir malgré le risque qui se profile). Hauru enfant a donné son coeur à Calcifère pour le sauver. L’anneau se rond et la voila qui chute… encore.

Pourtant elle sait désormais comment le sauver.

Voici Hauru tout oiseau, qui s’envole pour rapprocher Sophie de Calcifère. Ils les retrouveront sur le reste du chateau ambulant.

Calcifère n’a plus tout sa forme, reste donc peut de l’immense demeure. Et Navet, toujours debout. Parce qu’elle désire si fort Hauru la Sorcière des Landes lui donnera le reste de calcifère contenant le coeur de Hauru. Dans la mesure où c’est la fille qu’il aime qui lui rend son coeur à Hauru, Calcifère sera sauf. Libre il s’envole laissant le reste du chateau chuter d’une immense pente avec Sophie, Hauru et la sorcière des Landes à bord.


C’est Navet qui d’un coup de son bâton central viendra les sauver de la chute en calant la structure. Il a une forme très phallique ce corps de navet, j’y entend encore un phallus qui à ce stade de l’histoire empêche la chute plutôt que de chuter tout court, une inversion quoi.

N’empêche qu’il sauve ses amis au prix de ses os . « oh mon petit Navet, ça va aller, je vais te retrouver un bâton bien solide » et elle l’embrasse.

C’est alors que Navet se transforme en prince de l’une des deux parties en guerre. A défaut de lui donner un bâton solide, une verge en érection en somme, elle brise le sortilège qui le retenait prisonnier de son corps. Il peut donc retourner dans son pays et arrêter la guerre.

Conclusion :

Ce film m’a ému à chaque fois que je l’ai vu. J’ai été tout aussi étonné de voir la réaction de mes enfants, attentifs, passionnés, effrayés, surpris… Il est certain qu’un film qui a autant de succès vient titiller l’inconscient de tout ceux qui l’ont aimé, qu’ils aient fait le lien ou non avec leur monde intérieur.

Christine Dornier | Psychanalyste

Le Château ambulant (2)
De la machine à faire des représentations à la naissance du Sujet