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Le chaos des Chaussettes

Où quand j'ai les couilles d'assumer qui je suis!

Un rêve

Une pub qui parle de chaussettes blanches, elles sont rapprochées par paires. La publicité évoque comment, une fois réunit par deux, tu peux les plier à nouveaux en deux et les lancer dans un grand trou.
je vais passer ceinture jaune de judo en septembre. Je ne suis pourtant pas allée à tous les entrainement. Je me sens un peu usurpatrice de ma ceinture jaune, comme si j’étais pas à ma place.
je cuisine avec ma mère dans l’ancienne cuisine du Souillot. Deux patates cuisent dans une casseroles mais il n’y a plus d’eau. J’arrête le gaz juste avant que ça brûle. Les autres casseroles vont fort, alors on parle. Je lui explique que même si je lui parle là, ça change rien à ce que je lui ai dit en amont, à savoir que je regrette profondément la représentation que j’ai de notre relation.

L'analyse

A la maison je suis la porteuse du type de chaussette de mon rêve. La mise par paires est toujours un sacré sport en tant que tel. Nous avons tous des stratégies différentes pour parer au côté chiant de cette tâche:

  • L’Homme qui partage ma couche achète toujours des chaussettes noires et gris foncé pour les différenciers de toutes les autres
  • Mon fils est vigilent à les rapprocher avant rangement dans son bac, et lui il arbore des chaussettes basses.
  • Ma fille les assemble elle aussi par paires avant rangement.
  • Moi, je retourne le bac sur le divan et je peste en essayant de retrouver les frangines. Puis très rapidement lassée, j’assemble des amitiés chaussettes par semblant de forme commune. Parfois, les chaussettes partent solo dans le bac et le matin lorsque je n’ai pas le temps de trouver une paire a peu près assortie, je pique dans le bac de l’Homme qui partage ma couche, ou bien encore celui de mon fils.

Je suis peu fière de ma gestion des chaussettes. Lorsqu’un membre de ma famille parle chaussette, je sens monter une colère du fond de mes trippes. Cette colère est du à mon regard de moi à moi sur mon incompétence de gestion et au vol perpétré dans le bac des garçons. J’ai envie de faire autrement, mieux. J’aime les chaussettes qui vont par deux et qui sont bien rangées. Je me considère comme la source du chaos des chaussettes dans la maison et ça m’émeut au point de pleurer à l’écriture de ces lignes. Mais pourquoi? après tout il ne s’agit que de vulgaires chaussettes, pourquoi ce flot d’émotions?

Des pistes arrivent par association, l’émotion me vient:

  • de la sensation de toujours en perdre une
  • de l’idée que ça n’arrive qu’à moi
  • de l’idée que les garçons semblent ne pas subir le sort de la perte de chaussette
  • du fait que je me réduis à l’état de voleuse en leur chipant une paire de temps en temps.

Chacune de ces associations sont comme des rappels ou métaphores de l’idée princeps que j’ai d’avoir perdu mon zizi, perte qui m’a fait fille. De plus, les chaussettes ça vient recouvrir les pieds. Les pieds je me les figure comme le bord du sexe. La première fois où j’ai lu une telle chose, j’ai rien compris. La chaussette est celle que le pied enfile, à entendre un déplacement du zizi sur le pied en tant que membre qui dépasse du tronc, qui s’enfile dans le trou de la chaussette. Le trou de la chaussette est lui même de nouveau représenté par le trou en tant que tel où les chaussette regroupé, formant un espèce de zizi volant peut s’engouffrer gaiment. Je mets donc ici en représentation la bifidité du zizi/ phallus.
Au début de mon analyse, je voyais vraiment pas le rapport. C’est avec le temps et l’analyse que les associations m’ont menées à me dire “mais oui! en fait c’est le bord.”

Une représentation

Elle 5 ans "Tiens maman regarde je t'ai dessiné"



La ceinture de Judo m’emmène dans un passé lointain, celui de mon enfance où j’ai pratiqué ce sport. Assez rapidement j’ai demandé a arrêter. Un peu trouillarde, je devais me raidir lors de la chute et au lieu de rouler pour atténuer le choc, je tombais raide comme un morceau de bois, la tête choquant le sol dans une grande douleur. Ce qui retiens mon attention c’est la ceinture et sa couleur.
J’ai d’abord la sensation de l’usurper, tout comme les chaussettes que je pique en vie de veille aux garçons de ma maison. Je parle dans le rêve de ne pas me sentir à ma place, d’avoir la sensation d’usurper. Combien de fois une telle sensation vient me paralyser en vie de veille. Bon en écrivant je me dis de moins en moins mais bon quand même encore un peu. Je l’observe notamment dans mon lien aux soignants que je côtoie ces temps ci. Comme si dire “Je” autrement dit comme si quand j’ai les couilles de parler de moi j’usurpais une place qui n’est pas la mienne.
La couleur jaune de la ceinture vient en donner le risque: la couleur pipi de ce qui coule par le trou laissé béant lors de ma perte de zizi. Le jaune en rappel de ce que je m’imagine que l’on m’a coupé. Le sexe est mis en représentation à la fois comme sa réalité anatomique perçu par moi enfant: un trou et à la fois comme une possibilité de me réattribuer un zizi par le fait d’assumer mon Je plein et entier.

Mon rêve me fait ensuite rentrer dans le ventre de ma mère: sa cuisine lorsque j’étais enfant. J’ai souvent rêvé d’y manger des mets délicieux et en abondance. Ce rêve est un brin différent, il s’en faut de peu pour que les patates ne brûlent. Ces deux patates sont une représentation de deux couilles, les miennes que je sauve de peu de la carbonisation. Cette carbonisation est une représentation de ma castration et de l’idée que j’ai perdu mon zizi dans le ventre de ma mère. Ici le rêve mets en scène la cause de la perte: le feu du désir que j’éprouve pour elle. Je me mets en scène en un moi adulte qui éteins ce feu destructeur. Puis le rêve de continuer je lui dis ce que je lui ai dis pour de vrai dans la réalité de vie de vielle par téléphone le jour de ma sortie de réanimation: “je regrette la représentation que j’ai de notre relation” J’ai ajouté que je l’aurai aimé plus douce, et que je prenais la décision de vivre en arrêtant de croire que mes représentations était la réalité. La mère que je désire n’est pas la réalité de ce qu’est ma mère.
Contrairement à son habitude, le rêve met ici en scène la pensée en claire, sans brouillage: plus besoin de censure. Plus besoin de plisser les yeux comme devant un film de cul signé canal + pour me faire une image.

Je peux donc garder dans mon inconscient les casseroles qui continuent à bouillir fort à côté, sous le feu de mon désir pour ma mère qui reste et en vie de veille assumer mon Je dans ce que je choisi de vivre avec elle.

Christine Jeudy | Psychanalyste | Besançon


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