Le Rêve
[réminiscence de rêve brut] Je suis avec l’Homme qui partage ma couche dans le bureau de ma maison d’enfance. Au loin un bombardier, un ou deux moteurs par ailes, passe au dessus de la RN57 et largue toutes un stock de bombes. Je les vois descendre comme au ralenti. Je demande en urgence à l’Homme de se coucher pour ne pas subir les déflagrations et les bris de verre des fenêtres.
L’analyse
Le bureau où nous trouvons est en réalité le bureau de ma mère. Dans ma représentation c’est une pièce magnifique qu’elle s’est attribuée à elle seule, tout comme le reste des biens familiaux depuis la mort de mon père. Je suis propriétaire pour moitié de la nue propriété et elle en a l’usufruit complet. Autrement dit elle a l’usage de l’ensemble des biens pour elle seule tout comme ce bureau.
A la maison petite, c’est ma mère qui était à l’initiative des cadeaux de Noël et d’anniversaire. J’ai eu quelques cadeaux marquant comme ma luge, mon tapis de petites voitures (il me semble qu’il s’agissait de cadeau du comité des œuvre social du boulot de mon père). Puis j’ai le souvenir de cadeaux utiles: linge de bains, batterie de casseroles, livre… Des cadeaux bien loin de mes désirs. Ces cadeaux au fil des années ont fini par m’irriter grave, d’autant que les autres genre mon mec avait des paquets de charcuterie, comté, vin. Moi personne ne m’a jamais demandé ce qui me ferait plaisir, voir personne n’a regardé les domaines qui me plaisait pour m’offrir quelque chose en lien. Non, mes cadeaux sont des outils du quotidien.
Alors un jour, il y a près de trois ans maintenant, me sentant poussez des ailes j’ai dit à mes deux parents: pour mon anniversaire j’ai le projet de m’offrir un appareil photo, j’aimerai que mes cadeaux d’anniversaire viennent contribuer à cet achat. Ma mère n’a rien dit. Puis n’ayant pas de nouvelle je suis venu leur demander des nouvelles quant à leur décision. Ma mère a dit: “non je ne veux pas que nos relations soient régit par de l’argent” et mon père m’a offert une centaine d’euros.
La réponse de ma mère m’a grave énerver: “putain elle a vraiment rien compris” et celle de mon père m’a fait du bien, je me suis senti entendu dans mes désirs.
De la réaction de ma mère j’ai ressenti de la douleur: “même ça elle a pas compris” je me suis sentie niée dans mes désir et comme obligée d’entrer dans les siens… (douleurs) Des exemples comme celui ci j’en ai plein.
Hier j’ai parlé à un oncle qui m’expliquait que pour lui le corps parle suivant le côté atteint pas la maladie et définit si la maladie vient du père ou de la mère: le droit étant celui du père. Mon cancer du sein est à droite. Au moment où il me parle cet oncle je me dis, ben non mon gars tu es à côté de ma plaque, moi c’est avec ma mère que j’ai eu un problème. Et bien finalement pas que, avec sa mort mon père n’est plus là pour adoucir ma relation à mes parents, à ma mère. Je n’ai pas de croyance sur le côté du corps, c’est le fait de parler de moi en réponse à son hypothèse qui me fait aujourd’hui associer ainsi. Tout bougon et braillard qu’il était il arrivait à entendre quelques une des choses que je pouvais dire. Elle non. C’est lui qui amenait du sucre à la maison, c’est lui qui a pu avoir parfois des gestes maternant.
L’avion au loin, je l’anime en train de déverser des bombes sur le sol, au loin et non sur la maison. Le risque que les bombes ne tombent sur la maison est présent dans le rêve. C’est la représentation de vouloir dégommer ma mère en extension de son bureau auquel elle tient tend. Pourtant j’anime l’avion au loin, oui c’est qu’une idée parce que pour de vrai elle est au loin ma mère à 60 kilomètres et dans mon quotidien elle n’a rien de lourdingue. La seule chose lourde qui me restait était liée à mes représentations et à l’intensité de l’affect que j’y portais.
Pour conclure mon analyse, un jour qu’elle le veuille ou non ma mère, je serai en jouissance de la maison, lorsqu’elle même ne sera plus là. C’est ce que je mets en scène en me situant dans la maison avec l’Homme qui partage ma couche. Son comportement en vie de veille me coupe la jouissance, ça me coupe les ailes dans ma relation à elle. Alors dans mon rêve je m’en attribue deux grandes munies de gros moteurs. C’est comme si rien de doux n’était possible avec elle, le nutella sucré c’est ailleurs que j’ai du aller le chercher parce que venant d’elle ce n’était qu’apprentissage, autonomie et cadeau utile. A la maison c’était purée d’amandes.
Aujourd’hui j’ai arrêté de lui courir après et de tenter de convenir à ses désirs pour espérer en retour avoir un peu de tendresse et d’amour. Cette dernière phrase je m’imagine qu’elle pourrait se dire la même chose à mon égard, mais là c’est pas ma psyché alors elle seule pourrait en dire quelque chose, ou pas, ça lui appartient à elle.
A noter que la représentation que je me fais de ma relation à ma mère c’est pas la femme en tant que telle qu’est ma mère hein. Ici c’est l’histoire d’un Sujet: le Sujet moi même. Aujourd’hui j’ai pris conscience de cette différence et me sens libre de vivre pour moi, pas pour ma mère, mes enfants ou tout autres que moi même. Je vis et je prend mon pied à partager ma route avec l’Homme, qui dans ma représentation de notre relation me permet à la fois de me sentir protégée, entendue et à la fois protectrice, comme dans mon rêve.
Christine Jeudy | Psychanalyste | Besançon