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Le nœud de l’intrigue se tisse autour de l’explosion d’une étoile et de Grand Gare.
Dylan,
fort bel homme ce héros, se forge ses représentations du monde part
séquences, de chiffres où d’événements. Ses journées sont constitués de
séquences, d’une routine: le réveil, la pomme, le sport, le vélo,
l’arrivée au travail… Ici j’y vois une tentative de maîtrise de
l’angoisse de castration. Et il excelle dans cet art.
Lors d’une fête, comme chaque année (encore une séquence) il se voit offrir par une jolie collègue deux billets pour un ballet aérien. Elle n’ira pas avec lui cette fois ci, elle n’est plus célibataire, elle a trouvé quelqu’un de moins compliqué que lui. A lui de trouver celle qui lui conviendra pour l’accompagner à ce ballet. A croire que son fonctionnement sans faille ne favorise pas son rapport aux autres. Bah oui pas complètement étonnant.
Cette capacité de repérer les séquences lui est par ailleurs fort utile
dans son métier: aiguilleurs du ciel, gestion des appareils à
l’atterrissage sur l’aéroport de New-York, il excelle là aussi. Et
pourtant, un jour à 2h22 ça foire, les secondes s’arrêtent et la machine
se grippe.
A 2h22min, un phénomène étrange se produit, un cercle doré s’étend comme une onde sur l’eau. Cet onde Dylan la voit, la sent et voit l’aiguille des secondes s’arrêter. La collision de deux appareils est évité de justesse.
Voici Dylan suspendu de ses fonctions et dans l’idée qu’il a failli tuer
900 personnes. C’est lors de l’entretien qui lui signifie sa suspension
que nous en apprendrons un peu plus sur lui, au delà de sa routine: par
la parole de sa supérieure, une femme (sacrée surmoi). Son père était
pilote de ligne, lui même a le brevet, alors pourquoi reste-t-il au sol
pour organiser l’arrivée des avions. “C’est mon père qui voulait”
répondra-t-il, et d’ajouter qu’il ne veut pas faire comme lui, qu’il
n’est pas lui.
Seul,
il se rend à l’opéra pour assister au ballet. Ses yeux s’illuminent et
se réchauffent de voir la représentation des danseurs virevoltants, au
mépris de la gravité. Et là une blonde magnifique dans le public retient
son attention. Sarah, la fille, est splendide lors de cette soirée.
Elle porte des talons immenses et sa robe laisse voir son incroyable
chute de reins… Elle est incroyablement désirable.
L’homme musclé et la femme parée d’une robe fourreau blanc nacré passent
la soirée ensemble: ça fonctionne, l’alchimie opère. Dylan parle de
lui. Elle était passagère de l’un des deux avions de l’incident de 2.22.
De sa voix elle remercie Dylan de lui avoir sauvé la vie. Elle remet de
la nuance dans son idée qu’il a fauté/ où comment la beauté vient
distraire, mettre un voile à cette angoisse de castration.
Le réalisateur fait rentrer Dylan chez lui par le train, en empruntant
un pont au dessus de la baie, belle représentation du rapport entre les
sexes. Chacun d’un côté de la coupure.
Dylan commence à s’interroger de plus en plus autour de ces évènements qui reviennent en séquences, à la minute près, de jour en jour, depuis l’incident de l’aéroport à 2.22, ce qui l’intrigue tout particulièrement, se passe à la Grand Gare. Il existe là aussi une séquence qui se reproduit chaque jour, la présence d’humains ayant une caractéristique commune: une femme enceinte, des enfants, un homme d’affaire. Au fur et à mesure des jours le scénario nous amène à ressentir une inquiétante étrangeté à cette répétition. Autant de choses qui se répète: il y a un truc. Petit à petit le personnage de Dylan s’enlise dans des notes de sa journée, de ces choses qui se répètent, et il va aller jusqu’à vérifier que la goutte d’eau repéré à telle heure tombe bien à la même heure le matin suivant. Sous un ciel bleu, il verra cette goutte s’écraser sur son calepin, il la touche comme pour vérifier qu’il ne rêve pas, mais pour nous spectateurs le doute et là.
Lorsqu’il se rend à la galerie où travail Sarah, Dylan croise Jonas l’ex de Sarah. Il se trouve que Sarah travaille pour cet ex, artiste reconnu de New-York. La tension entre les deux hommes pour la belle est palpable. Lorsque Dylan découvre l’œuvre de Jonas, il découvre une œuvre holographique de ce qu’il voit de manière récurrente ces derniers jours à Grand Gare. La scène qui s’ensuit donne à penser que Dylan est paranoïaque, Jonas ne le connaissait pas, pourquoi l’aurait-il suivit et comment aurait-il su ce que vois Dylan alors finalement pourquoi Dylan frappe-t-il Jonas. Sarah repousse son nouvel amour et lui demande du temps, pour comprendre ce qui se passe.
Pendant ce temps donné à sa solitude, Dylan fini par comprendre que cette séquence de journée représente en fait le jour de sa mort. Il découvre en reliant tous les indices à sa dispositions que le 18, jour de son anniversaire (Sarah est né le même jour) trente ans plus tôt un drame a eu lieu à Grand Gare, deux hommes, une femme tous mort. Il comprend que ce rejoue le drame trente ans plus tard, lui, Sarah et Jonas: répétition. Le scénario nous fait comprendre qu’il s’agit de quelque chose de l’ordre de la réincarnation, qu’il s’agit d’une histoire vécue par d’autre qui se rejouent dans l’enveloppe charnelle des trois protagonistes, ce qui instille un dédouanement de la responsabilité de chacun. Le parallèle avec l’inconscient m’a saisie, la machine à faire des représentation tend à mettre au dehors, sur l’autre, ce qui est tellement horrible de nous que nous ne pouvons nous dire que c’est de nous qu’il s’agit. Ce mécanisme nous rends tout de même plus supportable à nous même au premier abord.
Et
là Dylan se méprend, il se pense le meurtrier, coupable. Alors il
rejette Sarah venu le retrouver, pour la sauver. Puis il monte sur le
toit de son immeuble, il est face au vide celui que la peur de voler
cloue au sol, il va sauter, en finir. Comme si sa mort allait sauver
celle qu’il aime et arrêter cette souffrance de se sentir coupable. Il
va sauter, et là le son d’un avion le soustrait à sa concentration, il
passe juste au dessus de l’immeuble, juste au dessus de la tête de cet
homme debout sur l’immeuble. Ben tient, histoire de ne pas louper la
chose, le réalisateur nous en mets trois couches de phallus. Dylan est
au bord de sa chute en tant que phallus et de la chute de son phallus.
L’avion c’est son père, c’est l’attente de son retour quand enfant il
regardait les étoiles en espérant y voir son avion rentrer. Lorsqu’il
voyait une étoile filante, il souhaitait le retour de son père.
Le sens du temps vient nous mélanger les pinceaux, à cause de l’étoile justement… origine et fin tels sont les points de repères de sa quête. Dans sa peine il a brisé quelques vitres support de ses innombrables notes. De cette destruction, de ce vide pourra naître sa représentation final du drame. Ce n’est pas lui le coupable de la tuerie, c’est Jonas. C’est le manque au centre de la foultitude de notes qui donne l’espace nécessaire à son interprétation.
Alors
auteur des quelques minutes de vie qu’il pense lui rester, par amour,
il file au secours de sa belle. Il se guide des éléments qu’il a repéré
dans les séquences des jours précédent pour réaliser ce qu’il désire:
sauver Sarah.
Le final nous montre Sarah sous l’horloge de Grand Gare: la femme
enceinte c’est elle… la boucle est bouclée. Et Dylan verra 2.23…
Le film se termine sur un plan de Dylan en costume de pilote, sa valise à la main. Celui qui ne pouvait pas voler prend son envol… Sarah le regarde partir par la fenêtre en soulevant un rideau en tulle léger, et pose la main sur leur enfant allongé dans son berceau… Cette fin qui s’ouvre sur la vie de Dylan, qui continue autrement me fait penser à ce processus qu’est l’analyse, de comment castration intimement nouée à œdipe sont à la source de beaucoup. Et comment de les repérer n’est pas simple, peut fatiguer, peut faire souffrir et ouvre sur un avenir dans la réalité peut être un petit peu plus proche de nos désirs.
date de l'écriture de cette analyse: 2019
Christine Dornier | Psychanalyste | Besançon