Ce matin du 8 février, au Tiers-Lieu Le 97, j’ai vécu un moment singulier, entourée d’une quinzaine de personnes, réunies autour d’un café fumant (merci Laure) et de croissants partagés (merci Fred). Dans cette atmosphère à la fois studieuse et conviviale, chacun a apporté avec lui son histoire, son regard, sa manière d’être présent. Ce que je raconte ici n’a rien d’une vérité universelle, c’est ma perception de ce qui s’est joué dans cet espace commun, une impression captée au fil des échanges et des gestes.
Nous étions là pour parler des Cahiers d’Expression Citoyenne et de l’envie partagée de leur offrir une existence numérique. Mais plus encore, j’ai ressenti une énergie, celle des récits qui se croisent, des expériences qui se rencontrent, des réflexions qui s’entrelacent. C’était un moment de liens, d’écoute, où chacun, à sa manière, donnait du sens à sa présence ici.
Une dynamique née au Tiers-Lieu Le 97
Depuis juin de l’année dernière, j’ai vu comment le Tiers-Lieu Le 97 s’est saisi de cette question des Cahiers d’Expression Citoyenne. Tout a commencé avec la projection du film Les Doléances d’Hélène Desplanque. Pour certains, ce fut une simple séance de cinéma ; pour d’autres, un retour poignant sur un passé encore brûlant. Pour moi, c’était surtout le déclencheur d’une dynamique, un espace où les sensibilités et les parcours, si différents soient ils, pouvaient trouver une zone commune. (lien vers l’événement, Facebook, autre projection)
Ce que je retiens de la valeur de ces Cahiers
Au fil des rencontres, j’ai vu émerger l’idée que ces cahiers méritaient d’être accessibles. Pas une volonté de les magnifier, mais simplement de reconnaître ce qu’ils sont : des fragments de paroles, des morceaux d’histoires, une trace des préoccupations d’un moment donné. J’ai perçu la richesse des regards croisés sur ce projet, entre citoyens engagés, universitaires, acteurs du numérique et passionnés d’archives. Chacun apporte son prisme, son approche, et c’est dans cette diversité que réside, à mes yeux, toute la force de cette entreprise.
Une construction collective, tâtonnante mais précieuse
Dans l’élaboration de notre démarche, nous avons intégré le regard et l’expertise des archivistes, dont la connaissance des méthodes de conservation et d’indexation contribue à garantir la rigueur et l’accessibilité des documents.
Ce projet, initié localement, résonne aussi avec d’autres initiatives ailleurs sur un plan national. Lors d’un colloque à Paris, des liens ont été tissés avec d’autres collectifs et chercheurs qui, eux aussi, explorent ces questions. Cette mise en résonance me conforte dans l’idée que ce que nous faisons ici s’inscrit dans quelque chose de plus vaste, de plus diffus, mais profondément ancré dans une volonté collective d’ouvrir ces paroles au plus grand nombre.
Ce que j’ai ressenti autour de la parole citoyenne
Au-delà des analyses et des méthodologies, ce qui m’a marquée dans cette rencontre du 8 février, c’est le fait que chacun, à sa manière, portait une attention particulière à ces cahiers. Il y avait, dans les échanges, une reconnaissance de leur valeur, non pas tant comme documents historiques, mais comme témoignages vivants. Ce sont des mots qui portent des émotions, des inquiétudes, des revendications, et c’est cela qui me semble essentiel : qu’ils restent accessibles, fidèles à ce qu’ils ont été, sans être récupérés ni édulcorés.
L’apport des universitaires est précieux pour comprendre ces textes, pour les analyser avec méthode, mais ce que j’ai ressenti surtout, c’est un attachement profond à l’idée qu’ils doivent être accessibles à ceux qui les ont écrits, à ceux qui voudront les lire demain, à ceux qui chercheront à comprendre une époque à travers ces pages.
Différentes natures de cahiers, différentes implications
Nous avons identifié deux types de cahiers :
- Les Cahiers d’Expression Citoyenne, issus du Grand Débat, devenus archives publiques avec leurs contraintes juridiques.
- Les Cahiers Gilets Jaunes, spontanément écrits sur les ronds-points, échappant aux cadres administratifs.
La CADAa donné des pistes sur les possibilités de mise en ligne des premiers.
Se confronter aux outils
Au-delà des réflexions et des discussions, ce matin du 8 février, nous avons aussi mis les mains dans le cambouis. Nous avons commencé à expérimenter avec le logiciel qui, lorsque tout sera en place, permettra de saisir ces documents. Pour l’instant, c’est encore un terrain d’exploration, une phase d’apprentissage. Mais cette étape m’a semblé importante : au-delà des idées et des intentions, il y a la nécessité de comprendre concrètement comment rendre ces cahiers accessibles.
Ce projet continue d’évoluer, porté par une énergie collective. À celles et ceux qui étaient présents ce matin-là, n’hésitez pas à partager votre propre perception de ce moment et votre regard sur le projet dans son ensemble, afin d’enrichir encore cette dynamique commune. Il n’a rien d’une ligne droite tracée d’avance, il se construit au fil des rencontres, des discussions et des hésitations. Ce que je raconte ici n’est qu’une vision parmi d’autres, celle que j’ai forgée à travers cette expérience. D’autres y auront vu autre chose, auront ressenti autrement, et c’est cela aussi qui fait la richesse de ce type d’initiative : il n’y a pas une seule manière de la vivre, mais une multitude de regards qui, ensemble, en dessinent les contours.
Documents de Travail et Références
Avis et Cadre Juridique
- Avis CADA n° 20190906 - Communication des Cahiers d’Expression Citoyenne
- Avis CADA n° 20215856 - Communication des Cahiers d’Expression Citoyenne
Méthodologie et Développement
- Méthodologie retenue pour la mise en ligne
- Spécifications du logiciel
- Mémoire Collective de l’Aventure
- Formation à la Transcription des cahiers d’expression citoyenne: Méthodologie, Techniques et Enjeux 20250208
Christine Jeudy | Psychanalyste | Besançon