Des êtres uniques, rarement unanimes, parfois emportés par la flamme des désaccords, souvent capables de retrouver la tendresse des réconciliations. C’est un lieu où l’imaginaire se déploie, où les idées naissent, trébuchent et finissent par éclore, portées par une créativité sans limite.
C’est un quartier de Besançon qui s’ouvre à tous, sans distinction de statut ni d’origine, où chacun peut trouver un accueil, qu’il soit enfant, travailleur, passant, bâtisseur de projets, ou acteur public.
Mais Battant, c’est aussi le reflet des aspérités de l’existence. Cette rudesse n’appartient pas qu’à ses rues : elle s’étend aux terres déchirées par les conflits, aux régions balayées par les tempêtes, et, je fais l’hypothèse, se glisse même sous les fastes des tables de fêtes. Elle se cache dans des cœurs qui, sous le poids des apparats – foie gras, huîtres, robes éclatantes et maquillages soigneux – tentent d’étouffer une angoisse persistante.
Car au fond, ce qui relie les êtres, c’est cette question universelle, celle du sens. De ma vie, de la vôtre, de ce que nous faisons de nos jours. Chacun, à sa manière, s’efforce de trouver un chemin, de calmer cette inquiétude sourde, de donner forme à une réponse, aussi fragile soit-elle.
Et peut-être que c’est justement dans le faire ensemble que nous trouvons ce réconfort, ce sens partagé, qui permet à chacun d’avancer un peu plus sereinement. Travailler ensemble, chercher et bâtir à plusieurs, c’est une manière de nourrir le lien humain, et ainsi, d’offrir à chaque être une chance de mieux vivre sa propre vie.
Noël, alors, devient un prétexte, une opportunité précieuse de se rencontrer à nouveau. Sous les lumières et les décorations, c’est une invitation à tisser des liens, à retrouver cette humanité commune, même dans la simplicité d’un échange ou d’un sourire partagé.
Cela dit, il faut aussi le rappeler : ceux qui pensent savoir pour les autres, ceux qui s’autorisent à dicter le sens qu’un autre devrait donner à son existence, se retrouvent souvent bien loin de la réalité, à côté de la plaque.
Et Battant, malgré la dureté qui parfois s’y mêle, pousse chacun à affronter ses responsabilités, à les assumer avec noblesse, et à les lier aux autres, comme on tisse un fil pour maintenir la toile commune.
À Battant, la vie se questionne, se réinvente et se partage, dans toute sa profondeur.
Christine Jeudy | Psychanalyste | Besançon